lundi 19 février 2007
Amoureux, naguère
Il n’en fallait pas beaucoup pour séparer les amoureux d’autrefois : le service militaire, une navigation au long cours, une guerre, une montée à la capitale, ... Ils disposaient de bien peu de moyens, ces amoureux pour garder le lien. Le courrier était de ceux-là, privilégié, attendu, espéré, écrit à la plume, soigneusement rangé. Chaque retard signifiait quelque chose, chaque rature révélait l’hésitation, chaque raccourci dévoilait un silence. Les mots devaient leur poids à leur possibilité d’absence.
Ce temps est révolu, comme le sera bientôt celui des amoureux actuels. Mais parle-t-on encore d’amoureux ? Les amours séparées s’écrivent-elles toujours ? La carte postale informatique enregistre-t-elle encore le tremblement de la plume au gré des battements du coeur ? Le courriel si volatil restera-il dans les tiroirs de l’ordinateur ?
Le temps est à l’instant et à l’éphémère. La vérité des couples est ici et maintenant et n’éprouve nul besoin de se construire sur des durées d’une autre époque. Dommage. La consultation de ces feuilles persistantes d’un passé pas trop lointain pourrait faire croire qu’un équilibre est possible entre la mortelle rigidité et la liberté suicidaire.
Qu’en pensez-vous ?
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