lundi 16 avril 2007
Candidat(e)s
Elles sont enfin arrivées, les professions de foi. Avec des photos, des "pour", des "contre", des résolutions et des promesses.
Regardons-les bien : à tous, on leur donnerait bien le Bon Dieu sans confession comme on disait dans mon jeune temps.
Mais regardons-les encore.
Certains sourires à pleines dents ne sont-ils pas menaçants ?
Pourquoi cette photo en noir et blanc ? Est-elle déjà une réponse à un souhait quelconque venu du peuple dont on promet de puiser les idées ?
Des lunettes posées de travers sont-elles le signe d’une droiture intérieure naturelle inflexible ?
Un portrait pleine page se veut-il l’affirmation d’une grande assurance ? À contrario, un mini-portrait noyé dans le texte est-il le témoignage d’une profonde modestie ?
Faut-il voir le sage derrière les bras croisés ? Le battant derrière le bras tendu ? Le fidèle derrière l’alliance haut portée ? Et un conquérant sous le portrait en pied ?
Quelle signification apporter à la cravate, au blouson de jean, à la chemise à carreaux ?
Regardons-les et zappons d’un slogan à l’autre ; ils sont parfois plus révélateurs des vrais programmes que les programmes affichés.
"Tout devient possible".
Ouais, pour qui ?
"La ruralité d’abord".
Bravo, que fait-on du reste ?
"La France de toutes nos forces".
Il manque un verbe : conquérir ou servir ?
"Nos vies valent plus que leurs profits".
C’est eux, les méchants !
"La fierté d’être Français".
Et Breton, et Européen, et citoyen du Monde ?
"Votez Le Pen".
Au moins un candidat bien dans ses pompes.
"Pour une gauche fidèle à ses valeurs".
Persister et signer, c’est sa différence.
"Travailleuses, travailleurs".
Pardon, c’est leur différence.
"Un autre avenir est possible".
Oui, mais sera-t-il meilleur ou bien pire ?
"La révolution écologique".
Est-ce encore de la politique ?
"La France Présidente".
Cela ressemble à un lapsus.
"Rupture avec l’Union européenne".
Brisons-là !
Et puis regardons-les encore avant d’entrer dans l’isoloir. Fixons une dernière fois leurs regards.
Regards paisibles, énigmatiques, malicieux, dubitatifs, interrogateurs, fatigués, fatalistes, volontaires, vides pour quelques-uns, ... ces "reflets de l’âme" ne sont-ils pas les éléments les moins trompeurs de ces portraits à vocation racoleuse ?
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