lundi 7 janvier 2008
Doutes douteux
Il y a plus de gens qui croient qu’on croit. D’ailleurs, nous croyons tous un peu-beaucoup, n’est-ce pas ? Il le faut bien. Nous croyons bêtement que le conducteur de la voiture qui vient vers nous conservera le couloir de circulation qui lui est attribué de façon à éviter la collision, sans même connaître son état physique et/ou mental. Nous croyons tout aussi rigidement que le Soleil se lèvera demain comme il s’est levé aujourd’hui alors que rien ne nous le prouve puisque l’événement ne s’est pas produit et que rien ne dit qu’un petit grain de sable imprévu ne viendra pas dérégler une mécanique céleste fondamentalement chaotique.
Pourtant (parce que vous imaginez bien qu’après une intro pareille ne pouvait venir qu’un "pourtant"), il me semble que toutes ces croyances utiles ne peuvent aller qu’avec une certaine dose de doute, la position du curseur étant liée à l’objet de la croyance. Pour le Soleil, allez, le curseur n’est pas loin de la butée "doute minimal". Il convient de l’en éloigner un peu en ce qui concerne le véhicule rencontré. Et puis, dans beaucoup d’autres cas, bien souvent générés et entretenus par le phénomène de la "pensée unique", le curseur approche la butée "doute maximal".
Je veux bien croire à l’homéopathie, à l’astrologie, à l’acupuncture, à la transmission de pensée, à Dieu, à la nocivité des ondes radio, à l’électron, à la non-adaptation génétique cachée de certaines personnes, aux flux énergétiques mis en mouvement par la pratique du Tai-chi chinois, mais, sans mettre le curseur au même endroit dans chaque cas, il me semble impossible de ne pas le placer dans la zone "doute indispensable" (oui, même pour Dieu et l’électron qui, même s’ils existent, ne sont accessibles que par les images que les hommes peuvent s’en créer ou par certains de leurs effets !)
Croyance pour croyance, devant l’idée que beaucoup de gens qui doutent sont certains que les scientifiques sont sûrs de leurs savoirs alors que les scientifiques qui savent doutent réellement beaucoup, je placerais le curseur du doute en position ... raisonnable.
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