lundi 1er octobre 2007
Béniguet
Petit mouillage sur la côte ouest de Houat, six heures du matin. Scipio se balance tout doucement sur la gentille houle qui rentre par l’ouest, la Lune tout là-haut a entamé son dernier quartier et joue à saute-mouton avec les petits nuages que l’on pressent blancs quand le Soleil daignera se lever. Petite brise de suet qui devrait durer toute la journée aux dires de la météo ; la route du retour vers La Turballe sera longue et pas très chaude, mais Scipio et son skipper en ont l’habitude, depuis le temps … Des bottes bien chaudes par-dessus les grosses chaussettes de laine, le passe-montagne pour remplacer la casquette des beaux jours ou des allures plus allantes, la capote vissée sur le roof abritera le cockpit de la morsure du vent, le régulateur prendra le relais du barreur qui pourra rester au chaud ou au moins froid dans le carré, surveillant la navigation à travers les hublots, le café chaud à la main, entre deux itinéraires d’un guide sur la Réunion (un passe-montagne pour une lecture sur des haut-plateaux de l’Océan indien, pourvu que les vagues n’atteignent pas des sommets, aujourd’hui …)
Sept heures. La Lune l’emporte toujours sur le Soleil qui ne devrait paraître que dans une heure, même si on sent déjà qu’il reviendra bien nous éclairer et nous réchauffer pour un jour de plus. Le vent siffle ses modulations dans les aspérités de la côte, entraînant dans son sillage les murmures du ressac tout proche. Par moments, ses sifflements se font plus vifs, plus pressants, plus inquiétants aussi ; faudra-t-il habiller Scipio d’un génois plus lourd, voire d’un foc plus petit, prendre un ris ou même deux dans sa grand-voile ? Qui naviguera verra et s’adaptera …
Les lumières d’un pêcheur passent sur l’horizon laiteux ; fin ou début de pêche pour lui ? Bienheureux plaisanciers qui ne sortent que le bout de leur nez - quand ils le sortent - dans les airs bien frais et bien froids de l’hiver ! Les petits bateaux de St-Gildas, le port de Houat semblent bien se porter, enfin pas plus mal qu’il y a vingt ans, quand ils disaient souffrir du pillage et de la concurrence des gros pélagiques. Les temps changent, des balanciers reviennent, même si les conditions qu’ils retrouvent ont bien changé durant leur oscillation.
Huit heures, il faut y aller, préparer le bateau, changer les voiles, ranger la vaisselle, mettre de l’ordre dans tout ce qui traîne, sortir cirés et harnais au cas où, envoyer le moteur, et tirer, tirer sur la chaîne de l’ancre alourdie par la hauteur de la pleine mer et la force du vent. Bonne route, Scipio !
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