lundi 4 août 2008
Quarante années
Quarante ans de mariage, ça vous dit
quoi ? Déjà, on peut se dire qu’on a bien de la chance d’être
toujours là pour fêter l’événement. Qu’on soit là à deux , les mêmes
deux qu’il y a quarante ans mérite-t-il un arrêt sur image
supplémentaire ? Sans doute ...
On peut bien sûr se féliciter du cliché, sans se
préoccuper de savoir s’il a été obtenu par lâcheté, paresse,
obstination, volonté passionnée, ou simplement parce "c’est comme ça",
comme un wagon posé sur des rails et qui a fait son chemin.
Certes on peut regretter la rigidité des rails
empruntés, les aiguillages interdits, le manque de cachet des gares
traversées, mais on peut aussi en apprécier la sécurité, la capacité à
traverser le temps dans un flux forcément imprévisible mais davantage
compréhensible.
On peut se dire aussi que la voie n’était pas aussi
ferrée que ça, un peu molle sur ses ballasts, avec des rails un peu
souples, pas trop parallèles, parfois divergents, et que les paysages
traversés ont finalement été décidés sinon construits par les pilotes du
petit wagon.
Mais les meilleures images ne sont jamais très bonnes
pour exprimer des réalités souvent insaisissables. Quarante ans de
mariage, c’est le cours d’une eau, c’est la gerbe d’artifice, c’est le
silence qui enfle et puis s’éteint et recommence en une suite de
halètements syncopés, c’est finalement le temps à deux temps qui a posé
sa petite marque dans le petit espace-temps de ces deux-là, et de
quelques autres.
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