lundi 2 novembre 2009
Habitude
On s’habitue à tout, dit-on.
Aux belles choses comme aux conditions misérables ?
Aux petits plaisirs quotidiens comme aux petites contrariétés et
vexations régulières ? Les dépressions qui s’installent dans
certaines vies ne s’habituant décidément pas aux désagréments dans
lesquels elles évoluent montrent que "on" n’a pas pensé à tous les "on".
Il en est qui ne s’habituent pas à tout, ça non ! Et puis j’ai
bien l’impression qu’il faille tout une vie pour s’habituer à l’idée de
la mort, non ? Ne pas mourir jeune donne cette possibilité et c’est
déjà une bonne chose à laquelle il convient de ne pas s’habituer, elle
...
Mais comme l’habitude est une mauvaise habitude !
Elle conduit à trouver normales des choses tout à fait extraordinaires.
Le jour qui revient chaque jour, le cycliste qui ne tombe pas quand son
vélo roule, le voisin qui reste voisin, emmerdant parfois, mais présent,
la voiture qui obéit à la clef et à l’oeil en mettant en action un tas
de mécanismes ignorés, eux-mêmes régis par une infinité de lois
physiques dont les meilleurs scientifiques n’en connaîtront jamais
qu’une partie. les doigts qui s’agitent au-dessus du clavier, petites
parties d’un tout qui fonctionne généralement bien, qui dysfonctionne
parfois, mais dont l’existence tient du miracle. Le seul fait de
percevoir ces choses extraordinaires est extraordinaire. Il semblerait
bon de préserver cette perception, de la cultiver en l’utilisant sans
modération, pour tenter d’échapper aux habitudes et s’approprier les
bonnes et moins bonnes choses de la vie.
En fait, cette idée des plus banales m’est venue en constatant
que la connaissance de la complexité des choses entraîne la perplexité
quant à leur bon fonctionnement. Et inversement, moins on sait comment
ça marche et moins on s’étonne que ça marche. Pour un organisme vivant,
un automobile, un ipod ou un site internet que l’absence d’un simple
point-virgule peut enrayer. L’émerveillement final est au bout de la
connaissance, induite elle-même par l’émerveillement initial, lequel
n’éclot jamais sur un lit d’habitudes. C.Q.F.D. [1]
Notes[1] Le sigle tant aimé !
|