lundi 23 avril 2007
L’habit du moine
Il se pourrait que la rumeur qui circule depuis toujours soit vraie : les traits de caractère, qualités et défauts, sont également représentés dans toutes les classes, tous les métiers.
Il y aurait autant de criminels, de donneurs de sang, de femmes battues, de sportifs, d’alcooliques, d’homosexuels chez les riches du XVIème que chez les pauvres du Nord-Pas de Calais. Les riches auraient les moyens de faire taire les bruits sur leurs défauts et de valoriser leurs qualités. C’est tout.
Il y aurait autant de voleurs chez les gendarmes, de généreux chez les percepteurs, d’ignorants chez les profs, de bénévoles chez les commerçants, de gens de mauvaise foi dans les églises. L’habit faisant le moine, l’image retenue par une population à tendance autruchisante servirait de grande cape à la réalité.
Il se pourrait quand même que, de temps à autre, des petits grains de sable pénètrent la tête des autruches, particulièrement des jeunes, entretenant le lancinant malaise qui fait douter de tout, de la possibilité d’élire un bon président de la République à la nécessité de se soumettre au représentant de la loi, en passant par le sérieux des convictions affichées par les donneurs de leçons et de morale.
Sortir la tête du trou pour tenter d’y voir plus clair dans la rumeur ferait-il digérer le mouron toxique ? Rien n’est moins sûr si l’effort de lucidité confirme la véracité de la rumeur et renvoie à l’investigateur une image de lui-même qu’il se pressera de recouvrir.
|