lundi 14 avril 2008
Permanence universelle
Êtes-vous
ou FaceBook ou Second Life ? Faites-vous tout pour être vu et bien
vu ou bien vous cachez-vous derrière votre avatar ? Ou bien encore
jouez-vous tour à tour dans l’ombre pour le vice et dans la lumière
pour la vertu ? Il vous faut être prudent alors et bien veiller
qu’entre ombre et lumière, quelques photons égarés ne créent une
pénombre révélatrice des liens existant entre deux partitions prévues
pour s’ignorer. Avant l’Internet, un tel accident d’image pouvait se
résoudre par l’expatriation hors de la Cité, un nouvel environnement
permettant de se recréer une renommée saine sur une virginité retrouvée.
Mais le web conserve tout indéfiniment et ce tout peut être vu de
partout. Lorsque, par un égocentrisme exacerbé, mon clavier entre mon
nom dans Google, mon écran me remet sous le nez des contributions à
quelques forums vieilles de plus de quinze ans ; si j’avais à en
rougir, je serais condamné à en rougir indéfiniment ...
Avant de poser
ses marques sur la Toile, il faut donc bien savoir ce que l’on veut, ce
que l’on peut, ce que l’on risque. Savoir que l’image de soi-même qu’on y
dépose, vrai ou fausse, est ineffaçable et perpétuellement utilisable
par les gens qui vous veulent du bien comme par les gens qui vous
veulent du mal, et même que cette image peut être utilisée de façon
fragmentaire par des gens qui ne vous veulent rien du tout, sinon savoir
si vous êtes plutôt du côté du bien ou plutôt du côté du mal dans le
projet qu’ils ont pour vous. Un employeur, par exemple, qui tente de
savoir si vous avez le profil ... Je confesse avoir moi-même googlé le
nom d’un inconnu auquel j’allais avoir à faire, juste pour tenter de
savoir à quel personnage je devais m’attendre ; c’est pas bien,
sauf peut-être si on tient les infos trouvées pour ce qu’elles
sont : des éclairages possiblement douteux au service d’une réalité
encore inaccessible.
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