lundi 11 août 2008
Fuite en avant
Certains pourraient croire que dix ans d’humeurs hebdomadaires et
plus de deux ans de brèves quotidiennes ont épuisé le sujet dans tous
les sens du terme : la plume est fatiguée et n’a plus rien à
exprimer de bien nouveau.
Qu’ils soient rassurés sur le premier point : le sujet n’est pas
tout à fait épuisé et le plaisir est toujours aux rendez-vous que les
petites cellules grises donnent aux petites puces informatiques, lorsque
les doigts sur le clavier recherchent fébrilement les mots et les
phrases capables de cimenter la rencontre.
Ils pourraient par contre avoir raison sur le second point : le
sujet pourrait sembler épuisé dans la mesure où l’improbable lecteur de
l’intégralité de la prose mamiesque a désormais - et sans doute depuis
bien longtemps déjà - fait le tour du domaine et est tout à fait capable
d’imaginer l’allure de la réaction à n’importe quel événement ou
situation.
Pourquoi donc continuer ? Eh bien, je n’en sais rien, et c’est
justement en espérant le découvrir que je construis cette "humeur". Et
c’est justement en écrivant cette phrase que je le découvre :
écrire permet d’observer des idées jusque-là trop nébuleuses pour être
assemblées. Le passage par les mots oblige à la simplification, la
décantation, la filtration jusqu’à l’obtention de la "substantifique
moëlle" susceptible de nourrir l’esprit et de répondre aux questions
qu’il se pose et se posera tant qu’on aura pas trouvé le moyen de rendre
présents les instants futurs. L’inconnu reste à vivre et devoir vivre
l’inconnu restera une source inépuisable de questions, donc de mots à
écrire. Non, le sujet n’est pas tout à fait épuisé ...
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