lundi 16 février 2009
Fumeux
"Je ne veux plus fumer". Oui, c’est bien mon p’tit gars, c’est un
bon début. Mais ne pas vouloir n’est plus du domaine de la volonté,
n’est-ce pas ? Plutôt de la bonne volonté qui se propose de ne pas
vouloir, pas vouloir fumer, certes, mais pas vouloir ne pas fumer non
plus. Quelque chose comme un choix de laisser faire les différentes
pulsions, envies, tendances et souhaits qui doivent composer de
l’intérieur avec les choses et les événements de l’extérieur. Bref, ne
plus vouloir fumer n’est pas vouloir ne pas fumer.
Vous allez me dire que je fais dans le compliqué, si,
si, je le sens bien, car quoi, quand on entend un chef d’entreprise
affirmer "je ne veux pas licencier", un maire assurer "je ne veux pas
appauvrir mes concitoyens", un président israélien déclarer "je ne veux
plus implanter de colonies", un marmaille piaffer : "je ne veux
plus faire de bêtise", tout le monde entend bien "je veux ne pas, je
veux ne plus", non ? Mais alors, pourquoi ne pas le dire ? Si
la volonté était bien réelle, son expression n’en prendrait-elle pas
ainsi davantage de force et de crédibilité ?
Sans aller jusqu’à douter systématiquement de la volonté
de ceux qui confondent la négation de l’affirmation et l’affirmation de
la négation, disons que je n’aime tout simplement pas dire autre chose
que ce que je veux dire. Ou bien plutôt : j’aime ne pas dire autre
chose ... Tiens ? Aimer, c’est comme vouloir ?
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