lundi 27 avril 2009
Horripilateur
Comme tout le monde vraisemblablement, un tas de petits trucs de la vie quotidienne me hérissent le poil. Si l’action horripilatrice
de quelques-uns a une certaine logique, celle de beaucoup d’autres
semble avoir peu de liens avec le raisonnable. Je vous laisse faire le
tri :
Pour moi, une bouteille placée près du bord de la table semble tendre les bras au blouson qui va immanquablement l’en arracher.
La sortie de bain n’a rien à faire au pied de la
baignoire quand les pieds n’y sont plus nus et que des souliers beaucoup
moins tendres y circulent.
Un rideau posé pour tomber verticalement me désespère
dès qu’il reste accroché d’un côté ou de l’autre et prend une allure un
peu biaisée, douteuse, voire maladive.
Recevoir un courriel dans lequel mon adresse apparaît au
milieu d’une liste de parfaits inconnus qui n’ont pas - a priori - à
connaître mes fréquentations réticulaires me laisse toujours une
impression désagréable, surtout si son objet est de l’ordre du futile ou
même frise la débilité.
Il me semble que le balai qui pousse fait davantage
voler la poussière que le balai qui tire ; que les poils de mon nez
se hérissent pour protéger leur muqueuse me paraît être une bonne chose
...
Je n’ai jamais pu m’empêcher de me mettre à la place de
la fine lame chargée de coupée le steak, tirée bien perpendiculairement
au fond de l’assiette, et de souffrir avec elle. Rien que d’y penser ce
soir, j’en ai mal à son fil ...
Ah, la bouteille de lait ouverte qui a conservé son
opercule, juste percé, déchiré à la va vite ! Ah, le rouleau de
PQ [1] installé dans le sens qui bloque le déroulement !
Utiliser le dossier d’une chaise comme porte-manteau est
commode, rapide mais très polluant visuellement et ouvrant la voie à
des utilisations encore plus inadaptées du mobilier domestique telle que
l’accrochage des cintres pour vêtement aux poignées des portes.
S’il est possible d’installer un filtre bloquant les
spams dont on parvient ainsi à oublier l’existence, les appels
téléphoniques non désirés continuent leur invasion jusqu’à
l’insupportable ; au bout du bout du poil dressé,
l’explosion ?
La liste n’est pas close [2], bien évidemment. Mais elle est déjà suffisante pour que je sente sourdre dans ma ford intérieure une question sournoise : suis-je normal, docteur ?
Notes[1] P-cul ?
[2] Chez les gens comme il faut, on dit qu’elle n’est pas exhaustive
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