lundi 14 décembre 2009
Faisons cours
Faisons court, mais tâchons de faire
bien : notre civilisation judéo-chrétienne (il paraît qu’on peut la
qualifier ainsi) a vécu un grand tournant voici quelque deux mille ans,
un virage tellement vertigineux qu’elle s’en est toute raidie pour la
suite de son histoire, faisant systématiquement front contre vents
nouveaux et marées réformatrices. En vain, les éléments étant toujours
les plus forts, les marins le savent bien ...
- Elle s’est raidie pendant longtemps contre l’évidence copernico-galiléenne d’un univers non géocentrique.
- Elle s’est raidie plus récemment devant l’hypothèse darwinienne d’un premier homme non edenisé.
-
Elle se raidit encore devant la suggestion neuroscientifique que la
conscience, la pensée, l’âme enfin, seraient le résultat des activités
moléculaires du cerveau.
Peut-être ces raideurs ont-elles des raisons que la raison
ignore ? Quel scientifique peut dire sans tousser que le monde se
résume à ce qu’il peut en dire, lui qui reconnaît bien volontiers des
siècles d’hésitations, d’erreurs même, dans sa marche vers une
connaissance (qu’il sait epsilonnienne) d’un monde (qu’il devine
infini) ?
Peut-être ces raideurs relèvent-elles de la raideur du
cou de l’autruche plongeant la tête dans le sable (jamais rencontrée, et
vous ?) pour ne pas voir une réalité qui l’obligerait à penser
autrement ? Car quoi ? Une Terre tournant autour du Soleil
peut quand même rester le centre de notre univers ; nous pouvons
bien donner le nom de "Adam" au compagnon de la première femme qui nous
est nécessaire pour enfanter notre monde ; et puis enfin, nous
pouvons bien accepter une issue métaphysique au fonctionnement
physico-chimique de notre cerveau. Non ?
|