mamimadi 2015-2023
mamimadi 2011-2015
mamimadi 2007-2011
mamimadi 1999-2007
l’entrée sur la toile


Les dernières humeurs

. 28 mars- Vlatipas NDDL
. 21 mars- Hoëdic
. 14 mars- Absconsités
. 7 mars- Trois vies
. 29 février- Grandes gueules
. 22 février- Fofollité
. 15 février- Stop ou encore ?
. 8 février- Clairement
. 1 février- Quand on §eut, on §eut
. 25 janvier- Intéressant, non ?
. 18 janvier- Choralines Korholen
. 11 janvier- Barbruel
. 4 janvier- Belle Année !
. 28 décembre- Trans-lucidité
. 21 décembre- C'était Noël
. 14 décembre- C'est du propre
. 7 décembre- Aux armes, Turballais !
. 30 novembre- Renseignements pris
. 23 novembre- Suis-je Paris ?
. 16 novembre- L'air du temps
. 9 novembre- Privilégié
. 2 novembre- Noir et Blanc
. 26 octobre- Migrant
. 19 octobre- Catégories
. 12 octobre- Ça se discute !
. 5 octobre- Mes Lunes à moi
. 28 septembre- Rendez les copies
. 21 septembre- Simplement tordu
. 14 septembre- À usage perso
. 7 septembre- Photœil
. 31 août- Vagabondages
. 24 août- On s'habitue
. 17 août- Parisien !
. 10 août- Îles sœurs
. 3 août- Longueurs du temps
. 27 juillet- Sous contrôle
. 20 juillet- Port cochon
. 13 juillet- Le port
. 6 juillet- Attaque cérébrale
. 29 juin- 150 ans
. 22 juin- Feuilles de liaison
. 15 juin- Quoi d'neuf ?
. 8 juin- Bricolage
. 1er juin- Les petits plus
. 25 mai- Démopublique
. 18 mai- Parano
. 11 mai- Des stats
. 4 mai- Expliquez !
. 27 avril- Convaincre
. 20 avril- L'eus-tu cru ?
. 13 avril- L'esprit libre

Les temps sont difficiles pour les sites dits "collaboratifs" qui doivent laisser quelques portes ouvertes ou ouvrables pour fonctionner : les petits plaisantins mal intentionnés se font un plaisir de les ouvrir ou de les enfoncer.

Après 15 ans d'usage de cette forme pas vraiment justifiée dans son cas, mamimadi revient à la bonne vieille interface classique.

Bonnes lectures !


Vos réactions éventuelles :
jacky@herigault.fr

Logomobile

mamimadi
l'humeur hebdomadaire

4 avril- (R)évolution française

    Je viens de relire le corpus principal de Wikipedia sur la Révolution française. L'idée était dans l'aire de mes activités cérébrales depuis quelque temps déjà et c'est une conversation avec un ami convaincu que la grande Histoire s'en était écrite avec des petites histoires qui m'a poussé toutes affaires cessantes sur les lignes de la célèbre encyclopédie "libre". Pour bien faire, ou faire un peu mieux, il faudrait bien évidemment aller entre les lignes et parcourir la myriade de fichiers annexes concernant les multiples acteurs et suiveurs, groupes et groupuscules, événements et grands mouvements, chaque ligne et interligne en recoupant d'autres pour finalement constituer un entrelacs définitivement inaccessible à un esprit normalement constitué.

    J'en suis ressorti avec l'étourdissement qu'on peut ressentir quand la grande clarté des matins de beau temps découvre les paysages jusqu'alors tout juste décelables dans les brumes venues des sols humides et frais. Le paysage révolutionnaire est bien sûr installé dans ma petite tête depuis les années collège, mais un peu de l'épais brouillard inculte qui l'entourait vient de se dissoudre dans les lumières wikipédiennes.

    L'effet principal est que ma Révolution, la-Révolution-pour-moi, en a perdu sa majuscule. Comment a-t-on pu et peut-on encore sacraliser une telle période ? Années de tromperies, de grégarisme, de fanatisme, de barbarie. Années de folie bien humaine, chargées d'orages dévastateurs dont on peut se demander s'il fallait vraiment les vivre pour accéder aux grandes Lumières de la foudre associée.
Morceaux choisis :

    Si le manque de grain et l'excès d'injustice sont bien en fond de tableau, ni pain ni libération ne sont recherchés par les émeutiers assiégeant le 14 juillet 1789 une Bastille mal gardée et vouée à la démolition, seulement de la poudre pouvant charger les armes pillées aux Invalides le matin-même. Un gouverneur de la Bastille qui résiste, puis cède avant de "faire donner de la mitraille", pour enfin être capturé par les insurgés, roué de coups, massacré à coups de sabre, décapité au couteau, sa tête mise au bout d'une pique et promenée autour de l'Hôtel de Ville en compagnie de celle du maire de Paris ... Ils sont loin les grands airs de la Révolution dans ces expressions des bas-fonds de l'âme humaine, non ?

    Confusion du petit peuple, confusion des décideurs auto-proclamés - la nature humaine ne peut s'échapper d'elle-même, même lorsqu'elle veut prendre de la hauteur. Ainsi, les députés abolissent les privilèges durant la fameuse nuit du 4 août mais se ravisent en partie lors de la rédaction des décrets pour préserver leurs propriétés. Ainsi encore, la même Assemblée qui affirme que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » décide de distinguer entre citoyens passifs, citoyens actifs et citoyens actifs éligibles - ce qui exclu 40% des hommes du droit de vote et 75% du droit d'être élu -, et refuse d'abolir l'esclavage dans les colonies. Elles sont loin les grandes idées majuscules dont notre époque illumine l'événement.

    De répressions hésitantes en pillages grégaires, sur fond de guerre avec le quasi reste de l'Europe, les morts vont aller bon train. Répression sanglante de juillet 1791 sur le Champ-de-Mars, sous la responsabilité consternée du nationalement révéré sieur de La Fayette. Débordement du peuple qui "se porte le 2 septembre 1792 sur les prisons de Paris où il massacre, après un jugement sommaire, la plupart de ceux qui s’y trouvent incarcérés : les prêtres réfractaires, les suspects d'activités contre-révolutionnaires, les détenus de droit commun et même des filles publiques. Les tueries dureront jusqu’au 6 septembre à Paris". 

    La République de 1793-1794, cernée par les ennemis de l'extérieur monarchique, menacée par ceux de l'intérieur provincial va plonger dans une "Grande Terreur" alimentée par les rivalités de ses propres acteurs, politiciens, opportunistes, ambitieux, journalistes, harangueurs, factieux. C'est la danse macabre des Jacobins, Girondins, Sans-culottes, Enragés, Montagnards, Cordeliers, Exagérés, Ultras, Citras, Indulgents ... Tout le monde se méfie de tout le monde, ça épure à tout va, les toutes récentes louisettes ou guillotines sont en surchauffe au milieu du petit peuple sidéré. "Sa tête sanglante fut montrée à la lueur des flambeaux dans le silence d’une foule extasiée".

    Dans le même temps, l'insurrection vendéenne est écrasée avec une barbarie extrême, noyades et fusillades collectives, colonnes infernales de destruction de masse : "dans le bocage vendéen, celles-ci brûlent les villages et massacrent la population sans faire de différence entre patriotes et rebelles, et en pratiquant, en plus des meurtres, le viol, et l'infanticide".

    C'en est assez, non ? C'est une période troublée me direz-vous. Oui mais c'est aussi une période troublante dont on peut s'étonner qu'elle ait ainsi été dépouillée de sa part d'horreur pour la maquiller en matrice de toutes les vertus républicaines que nous tentons de pratiquer plus de deux cents ans plus tard. N'aurions-nous pas davantage de leçons à en tirer pour le présent et ses troubles en pointillé en la considérant dans toute sa réalité ?

La révolution selon Delacroix
"La Liberté guidant le peuple" (par Eugène Delacroix bien sûr)
Belle image d'Épinal bien affreuse, n'est-il pas ? Et pour quelle Vérité ?

Lutin