lundi 25 août 2008
Sensibleries
Si la sensibilité aux choses, aux événements, aux personnes passe
pour être une qualité, la susceptibilité est vue comme un défaut
parfois gentiment désagréable, plus souvent franchement pénible.
Ces deux aspects d’un caractère sont pourtant
vraisemblablement les éléments obligés d’un couple qualité-défaut, l’un
n’existant pas sans l’autre, l’un étant le prolongement "anormal" de
l’autre, un peu comme la très belle respiration de la corde d’un violon
soumise au frôlement de l’archet devient distorsion sous le frottement
brutal.
Bien sûr, d’autres qualités peuvent compenser ou cacher
les vibrations excessives, telle une certaine maîtrise de soi ou une
capacité à masquer ses réactions immédiates le temps de l’amortissement
obligé, toutes qualités à utiliser avec modération au risque de paraître
froid, distant ou hors-jeu.
Mais qualités et défauts ne sont pas marchandises
disponibles au gré des besoins ou même de la volonté de chacun. Sur les
rails de la vie, on les a ou on ne les a pas puisqu’on est comme on
naît, c’est bien connu, même si on n’est pas encore comme on sera demain
parce que, justement, on est.
Bof !
Le pire de l’histoire est que sa susceptibilité rend le
sensible malheureux, puisque très réceptif et perméable aux anomalies
qu’il engendre autour de lui. Au lieu de s’en plaindre,
plaignons-le ! Et peut-être même pourrait-on plaindre tous ceux
qu’on met à l’origine des petits et grands tourments et qui en seraient
eux-mêmes malheureux. Non ?
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