lundi 8 décembre 2008
Douche de Gauss
En prenant ma douche quotidienne, voilà qu’une
drôle de question m’assaille : les durées de mes différentes
douches suivent-elles une distribution gaussienne ?
Que les méchants ne rient pas, que les gentils ne s’inquiètent pas : je m’explique.
Je fais les mêmes gestes tous les jours, depuis bien longtemps, des années et des années, sinon davantage :
Ouverture du robinet, attente que l’eau soit à la bonne température (la durée est fonction de la saison, forcément).
Saut dans la baignoire (la vigueur du saut dépend de la forme, bien entendu), petit réglage éventuel du thermostatique.
Mouillage
du poil, du bon et du mauvais pour que la journée soit bonne et surtout
pour que le tout soit bien préparé aux applications des détergents
détersifs (et lycée de Versailles).
Application
du shampooing (mon Dieu que je déteste ce nom qui pourrait être plus
joliment et plus authentiquement shampoo ...), massage plus ou moins
long du cuir de moins en moins chevelu (bein oui, shampoo viendrait de
l’hindi "masser", alors faut rentrer dans le jeu, et puis cette prise de
tête matinale est une entrée en conscience plus ou moins difficile de
la journée qui s’ouvre ...), rinçage rapide et fermeture du robinet.
Application
du savon liquide, pas celui qui met un temps fou à sortir du flacon
dès qu’il n’est plus plein mais celui que le poussoir éjecte sans
attendre et dans la quantité souhaitée ; côté droit avec la main
gauche, côté gauche avec la main droite, tout partout avec les deux
mains, lever du pied droit, lever du pied gauche.
Réouverture
du robinet pour un rinçage soigné et copieux dont la durée dépend de
paramètres qui restent à définir tels que la fatigue, l’humeur, le
temps-devant-soi...
Fermeture
du robinet par une décision digne d’une étude psychanalytique :
quel est le petit grain de pensée plus ou moins consciente qui pousse à
la décision d’en finir avec ces instants agréables ?
Serviettage
et sortie de la baignoire, toutes choses effectuées rapidement, la
décision de passer à autre chose ayant déjà été prise comme dit
précédemment.
Top chrono ! Un peu moins de six minutes et
vingt-huit secondes aujourd’hui. Quel dommage de n’avoir pas enregistré
les durées de mes douches depuis que je les pratique. J’aurais pu
répondre à quelques questions fondamentales : suivent-elle la
fameuse courbe en cloche ? avec quel écart-type ? avec quelles
dérives dans le temps ? Et surtout : quelle signification
donner à ces dérives quant à ma santé ? Physique et psychique (mais
pour cette dernière, se poser ce genre de questions est déjà
révélateur, non ?
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