lundi 1er février 2010
De rien sur tout
Dire d’une personne d’origine juive qu’il a
une tronche pas catholique est-il vraiment faire preuve d’antisémitisme
alors que depuis les temps pas si anciens du catholicisme florissant, le
langage courant qualifie tout individu louche ou simplement différent
de "pas catholique" ?
On peut penser que le dernier auteur en date de l’insulte
présumée n’est pas démuni en seconds degrés de tout ordre mais, même
alors, le double niveau d’interprétation possible est-il si lourd qu’il
puisse tomber sous le coup de la loi, celle de la justice
éventuellement, celle du politiquement correct à coup sûr ?
Antisémitisme ou pas dans ce cas particulier, il me
semble bien que les pincettes sont désormais incontournables pour tout
acteur public s’exprimant sur une religion ou une race ou même sur tout
autre sujet, mais avec des termes susceptibles d’y faire penser. La
tolérance zéro s’impose dans le paysage public sous prétexte de
préserver la tolérance maximale : zéro dérapage verbal - pas de
"casse toi pov’ con" ni de "né natif de Corrèze", zéro écart de conduite
- pas de coup de boule, de voyage déplacé ou d’extra-conjugal (extra
conjugal ?), zéro burqa, zéro élitisme, zéro sexisme, ... Nul. Tout
doit être nul pour que le tout se tienne, selon le bien penser.
Mais trop restera toujours trop, même quand il s’agit de
rien. Un monde sans différences, même désagréables, est un peu comme un
mur sans liant, bien capable de s’effondrer au premier séisme.
Non ?
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