lundi 7 juillet 2008
Trente ans
Julie, tu as trente ans.
C’est beaucoup si on considère que tu es déjà bien
engagée dans l’entonnoir de ta vie, de par ta nature et tes choix.
Irréversiblement, à trente ans.
C’est bien peu si on on voit dans cet entonnoir à sens
unique les multiples racines nécessaires à la croissance de ton arbre.
Interminablement, à trente ans.
Bon, trêve de plaisanteries, Julie ! Trente ans, ça
ne veut rien dire, c’est complètement artificiel et relatif, rien n’est
moins souhaitable ... Comme aucun âge de la vie
d’ailleurs. Les véritables étapes de la vie sont les événements qui
l’émaillent, qui s’y construisent ou, mieux, qu’on y construit. Les
bonheurs, petits et grands, mais aussi les malheurs pourvu qu’il soit
possible d’en faire des racines supplémentaires capables de rendre
l’arbre plus fort.
Mais restons sérieux, Julie ! Trente ans, c’est
quand même une étape alors que vingt-neuf ans, non, et encore moins
trente-deux ans et quatre mois. À trente ans, tu peux t’asseoir et
mesurer le long chemin de labeur à parcourir pour parvenir à soixante
ans, puis la non moins longue voie de farniente dynamique pour parvenir à
quatre-vingt-dix ans, et puis la large autoroute des souvenirs
ressassés qui conduit à la cent-vingtième année, et puis, et puis ...
Bof ! Trente ans, c’est trente ans. Point. Pas de
quoi en faire un plat autre que les plats partagés par des convives
rassemblés autour de toi, Julie, métamorphosant l’anniversaire en
véritable événement.
Oui ?
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