12 juillet - Récompenses

      Afin de mettre leurs mauvais citoyens sur le chemin des vaccinodromes, certains responsables brandissent le bâton tandis que d'autres agitent la carotte. Pour inciter les oublieux et les négligents, tenter de convaincre les égoïstes, les complotistes et les alarmistes, des récompenses sont promises en même temps que le code-barre certificateur.

      Le terme de récompense peut sembler un peu gênant. Le jeune Larousse dit qu'une récompense "est ce qui est accordé à  quelqu'un en remerciement d'un service rendu ou en reconnaissance d'un mérite particulier". Contribuer à éviter la mort de ses concitoyens peut-il vraiment être considéré comme un service rendu à  la nation ? En quoi est-il particulièrement méritoire de se comporter selon la normalitude d'un citoyen ordinaire ? Sans doute serait-il préférable de parler de contrepartie, "ce qu'on fournit en échange de quelque chose", dixit le même jeune Larousse. Si tu avances, tu auras la carotte...

      Et pourquoi ne pas généraliser l'incitation à  tous les gestes civiques que les citoyens douteux renâclent à  accomplir ? Participer au vote républicain, déclarer honnêtement ses revenus, ramasser les crottes de son chien,... La difficulté serait de trouver la récompense qui va bien, adaptée à  la fois à  chaque classe de récalcitrants et à  chaque acte qu'on se propose de promouvoir.

      Les tirages de petits et gros lots, apparemment tant prisés semblent adaptables dans beaucoups de cas.

      Des tirages sur les listes de contribuables pour tenter de gagner le double de leur contribution pourrait les inciter à  déclarer la totalité de leurs revenus en oubliant généreusement les déductions qu'ils laissent habituellement aux autres le soin de payer.

      Pareillement, des tirages sur les listes des électeurs qui se sont déplacés dans les bureaux de vote pourraient distribuer des lots adaptés aux élections, communales, départementales, régionales, et contribuer ainsi à  l'(in)formation d'une population qui prétend en manquer.

      Proposer aux ados la petite fumette qui va bien après la piqouze anti-covid qui fait mal pourrait donner aux centres de vaccination des petites de couleurs de paradis un peu plus attractives.

      Comment non ? Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus le limites, n'est-ce pas ?