mamimadi l'humeur hebdomadaire |
4 mai- Expliquez ! Vous avez sans doute vu comme moi passer le dernier sujet de dissertation philosophique de Normale Sup : "Expliquer." À l'infinitf et avec un point. Ah bien sûr, s'il n'y avait pas eu ce point, les candidats au concours de la prestigieuse école se seraient donnés moins de sueurs froides, le champ des pensées restant largement ouvert : "Expliquer ...". Expliquer quoi, expliquer comment, expliquer quand, ... Les ouvertures sont multiples et la difficulté aurait plutôt résidé dans leur trop grand nombre. Si encore, par la grâce d'une faute de frappe, un "z" était venu fermer le verbe, l'énigmatique sujet en serait devenu éminemment injonctif et donc clair : "Expliquez !". Pas de question à se poser, pas à tortiller du popotin pour faire caca droit, il aurait fallu y aller ! Perso, je suggérerais aux organisateurs de la prochaine épreuve un sujet de ce genre : Un espace blanc en guise de sujet. Rien. Certains ont déjà dit que rien c'est déjà quelque chose puisque deux fois rien ça n'est pas rien, que le vide n'est pas rien non plus puisqu'on peut le nommer et que le blanc est la reine des couleurs, étant obtenu par la superposition de toutes les couleurs de l'arc en ciel. Toutes considérations qui feraient donc de ce sujet un sujet valable, bien à même de révéler les capacités des candidats, le challenge étant alors plutôt de faire entrer tous les développements possibles dans les six heures imparties. Six heures ! C'est bien long quand on pense ne rien savoir et bien court quand on croit tout savoir. Dire que certains affirment que le temps, hormis la perception que s'en fait le genre humain de par sa constitution, ce temps n'existe pas. Allez donc expliquer ça à un candidat affolé par le galop des aiguilles du temps ou tétanisé par son vol momentanément suspendu. "Expliquer le temps" ferait un autre bon sujet de philo pour le concours d'entrée à l'ENS, non ? La précision concernant l'interdiction de la calculatrice m'étonnera toujours. Que peut bien apporter une calculatrice au raisonnement philosophique d'un candidat ? Je sais bien qu'il ne s'agit pas d'interdire les simples calculettes tout juste capables d'additionner des points jusqu'à la note d'admission, mais bien les mini-ordinateurs aptes à multiplier les zéros à l'infini, ce qui fait - comme chacun le sait bien - quelque chose, même si ce quelque chose est n'importe quoi. Si les nombres sont du ressort des mathématiques, le zéro et l'infini sont bien du domaine de la philosophie (1). D'où l'interdiction. Oui ? (1) Vous avez compris que pour moi les maths sont un ressort (un outill) et la philosophie un domaine (espace de vie) |