mamimadi l'humeur hebdomadaire |
1er juin- Les petits plus La petite cuillère replonge dans la poudre brune, en ressort accompagnée des effluves du bon chocolat dérangé de frais, hésite un instant au-dessus de la boite grande ouverte, se laisse tapoter par les doigts du gourmet soucieux de ne rajouter qu'un petit plus très éloigné du beaucoup trop, et puis, d'un trait définitif, laisse glisser sa prise dans le bol de lait que la prise initiale avait déjà généreusement chocolatée. Tout en refaisant ce geste quasi quotidien, une bête question prenait forme dans les brumes enveloppant mon petit neurone ce matin : mais pourquoi donc ce petit rajout de chocolat ? La quantité ajoutée est si peu importante comparée à l'apport de la première cuillerée que le goût en est bien peu changé. L'habitude, sans doute, mais qui vient de gestes anciens répétés dont la raison reste dans la question. Le sens de l'achèvement peut-être, comme le point clôturant la phrase ; de la chose bien assurée, dans le fil du "trop fort n'a jamais manqué" du marin ... Dans la foulée de mon éveil neuronal me sont apparus quelques "petits plus" du même acabit et dont certains ne sont pas sans risques. La pincée de poudre de café bien sûr, au risque de ne plus pouvoir poser le porte-filtre sur le percolateur. Le dé à coudre de pastis pour faire une dose incertaine, au risque de dépaser la dose, justement. Les exemples alimentaires sont légion. Mais d'autres également, comme dans les activités de bricolage. Le dernier tour de vis, au risque de détériorer et d'affaiblir finalement la fixation. Le dernier coup de marteau sur la tête de la pointe, au risque de marquer la pièce en cours de cloutage. Le dernier coup de pinceau, au risque de baver hors du cadre ou de gâcher une surface déjà séchante. À ces exemples des petits coups en plus qui risquent de se transformer en petits coups de trop, la tentation est grande d'en rajouter une louche, juste pour faire bien et signifier que la cause est entendue, mais ça serait au risque de fatiguer le lecteur et l'inciter à penser que trop, c'est trop et que tout ça, ça se discute. Non ?
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