mamimadi l'humeur hebdomadaire |
10 août- Îles sœurs Deux îles naviguent près de mon continent, deux îles toutes proches, tout à fait à la portée d'un bon foc pour peu que le temps soit clément et le vent bien portant. Hoëdic a longtemps fait figure de sauvageonne à côté de sa grande soeur Houat, plus coquette, plus courtisane aussi car plus proche des touristes et des amateurs d'insularité. Les côtes de celle-ci offrent des possibilités de mouillage relativement sûrs pour toutes les directions de vent quand celle-là en est moins bien pourvue. L'accueil des Hoëdicais a pu être perçu comme obligé le temps des invasions estivales, et carrément frigorifiant le reste de l'année. L'entrée d'un "étranger" à "La Trinquette" un soir de Janvier pouvait créer alors un grand blanc dans les conversations en cours entre autochtones, le temps de laisser s'évanouir dans les esprits quelques interrogations irritées : "Mais que diable vient-il faire chez nous par ce temps ? L'été passe encore ..." Mais ça, c'était hier. Deux visites récentes rendues à chacune des deux îles me font penser que la coquetterie s'est déplacée des quelques milles nautiques qui les séparent. Même si la nature de Houat - son vaste et haut plateau bordé de roches teintées d'ocre, ses grandes et petites plages de sable fin - sont toujours aussi magiques à voir et à revoir, le bourg de Saint-Gildas a perdu de sa superbe par la dégradation d'un tas de "je ne sais quoi" qui le tachent en pointillés. La parure des ruelles semble un peu négligée, les façades des maisonnettes sont un peu plus ternes, les commerces sont un peu moins chaleureux, les équipements paraissent marquer le pas, ...
En contre-point, Hoëdic s'est faite plus dynamique, plus pimpante, plus variée, plus commerçante aussi. Des sentiers ont été tracés et sont maintenus débroussaillés à travers la lande, l'immense terrain de camping est en cours d'équipement de confort, les étroites ruelles sont mieux entretenues, piquées des classiques roses trémières, flanquées de murets de granite dépourvus de tout ajout plastifié tel qu'on peut en voir à Houat. Le bourg est "multipôle", voit s'établir des constructions nouvelles généralement adaptées même si les architectures de deux ou trois d'entre elles paraissent déplacées ici. Les jardins bordés de la traditionnelle pierraille entassée reprennent vie ; on aperçoit depuis quelque temps déjà des chevaux près du marais et des moutons sur les hauteurs. Sauf malchance que je n'ai pas encore rencontrée, bars et restaurants accueillent chaleureusement, servent prestement, transpirent la bonne humeur ... Bref, la sauvageonne a conservé son habit d'île un tantinet revêche avec ses abris marins peu sûrs, ses roches menaçantes, son marais quasi inaccessible, sa lande à la fois rase et dense, mais son esprit s'en est extrait tout doucement, comme suspendu entre origines et desseins.
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