mamimadi l'humeur hebdomadaire |
7 septembre- Photœil Un bon ami vient de me rappeler qu'une photo animalière doit montrer l'œil de l'animal, un œil portant le regard de la bête vers le regard du photographe, un œil propre et net, capable de laisser supposer des intentions, une volonté, des pensées ... Exemples : Le bec retroussé, le sourcil bas, on sent bien que ce minuscule tek-tek réunionais est bien décidé à défendre sa place dans le vaste monde contre l'importun qui va le mettre en boite et - sui sait ? - projette de le mettre en cage. La lippe un tantinet dédaigneuse, le regard mi-désabusé mi-réprobateur, ce gorille du zoo de La Palmyre semble se retenir de dire ses quatre vérités au visiteur photographe. Non ? On peut trouver de la poésie dans l'envol et le vol du goéland. Pour le reste, notre oiseau est réputé couard, criard et chieur à tout va. Un animal plutôt bête pour tout dire. Sans doute cela se perçoit-il dans ce lever de patte grand-guignolesque et ce regard buté ? Même le poisson, par son œil triste et tout retourné, semble malheureux de lui servir de nourriture ... Un contrexemple, une photo ratée qui ne livre aucune information : les deux zèbres devisent-ils ? se disputent-ils ? rêvent-ils d'une vie en liberté sans costume rayé ? Les photographies de personnes n'ont pas cette exigence de présence du regard : il n'est point besoin que l'œil des personnes photographiées soit sur le cliché pour qu'il leur soit attribué toute la palette des activités, mécanismes et sentiments de l'esprit humain. Deux exemples parmi une foultitude : Ces dos en disent long sur la plongée des regards dans le froissement de la mer, l'immersion des pensées dans ces instants où se fondent le ciel et l'océan. Oui ? Les têtes prennent leur pied sur le miroir d'eau de Bordeaux ; on devine le petit plaisir partagé, les échanges de contentement, ... et même le petit grain d'originalité de la porteuse - car il s'agit bien d'une porteuse, n'est-ce pas ? - de parapluie par un temps qui semblerait plutôt du genre caniculaire. |