mamimadi l'humeur hebdomadaire |
28 septembre- Rendez les copies ! Est-ce parce que la dictée à l'école fait du bruit dans la presse que je me suis laissé entraîner devant une feuille blanche, le stylo à la main, l'ouïe tendue, les neurones prêts à capturer les mots du maître du moment et les retranscrire au mieux de leur orthographe et de leur sens ? Il faut un petit grain de masochisme pour aller rejouer volontairement quelques instants plutôt laborieux de l'école alors qu'il aurait fait si bon flâner ce matin-là sur les quais du Croisic. Est-ce le plaisir de jouer avec les mots et les phrases, leurs significations et leurs sens, tel le plaisir recherché dans la réalisation d'une partie de scrabble, le remplissage d'une grille de mots-croisés, la rédaction d'un billet d'humeur, ... ? Mais n'est pas loin alors le déplaisir, sinon de l'échec, du moins de la constatation de ses lacunes et de ses limites. Si le zéro-faute dans un texte ordinaire est jouable, normal et quasi exigible, il est pratiquement inaccessible dans les dictées proposées comme autant de challenges dans les rassemblements d'amateurs et de spécialistes mêlés. J'y suis pourtant allé. Comme un écolier, un écolier du week-end, un écolier retraité, mais avec l'attitude humble de l'écolier allant au-devant d'une mauvaise note. Quarante personnes - pas toutes jeunes non plus même si deux générations m'ont semblé représentées - formaient une classe sans doute plus motivée que beaucoup de classes de nos collèges, mais pas beaucoup moins contestataire s'agissant du confort d'écoute : on veut entendre tout le texte, laisons et "e" muets compris, mais rien que le texte, sans ronflement ni larsen ... Les mots sont tombés dans le micro pour s'envoler des haut-parleurs vers nos oreilles attentives : substantifs plus ou moins singuliers, participes passés à l'accord douteux, verbes conjugués aux temps périlleux, délicatesses orthographiques improbables,...
Les doigts se sont progressivement raidis sur les stylos, les écritures ont perdu de leur régularité d'une ligne à l'autre, les ratures sont venues de plus en plus nombreuses.
Point final et soulagement à la hauteur d'un effort qu'il ne faut pourtant pas relâcher : la relecture appliquée peut découvrir les fautes d'inattention, révéler les pièges de sens, faire douter sur un genre, un pluriel, un trait d'union, un doublement de consonne. Il faut choisir et décider. "Rendez les copies !" J'avais oublié combien la correction est douloureuse. Elle met sous le nez du corrigé ses fautes trop bêtes (Zut, je l'ai oublié celui-là !), son manque de perspicacité (Bon sang, mais c'est bien sûr !), ses lacunes inévitables-bien-sûr-mais-quand-même (Bof, trop savant pour moi ...). Bref, on pourrait en ressortir avec la sensation d'être définitivement incorrigible si l'épreuve n'était commune et vraisemblablement partagée par l'ensemble des participants, et même - il me plaît de le penser - par le meilleur, avec ses huit fautes bien évidemment évitables. Après la dictée de Jean-Pierre Colignon, sur Ouest-France : |