mamimadi l'humeur hebdomadaire |
5 octobre - Les mains du salut La covid interdit aux bras de se tendre, aux mains de se serrer. Pour plusieurs mois encore sans doute, pour quelques années peut-être même. L'impossibilité espérée temporaire de ce geste social répété la plupart du temps mécaniquement pourrait bien lui redonner du sens lorsqu'il redeviendra possible. Pour le serrage de mains également, il pourrait bien y avoir un avant et un après covid... Si les yeux sont le regard de l'âme, les mains en seraient les antennes capables d'en transmettre les vibrations pour peu qu'on veuille bien les y raccorder. Avant la pandémie, elles étaient rarement branchées, ni en mode com', ni en mode écoute. Tout juste parfois tentaient-elles d'afficher une attitude ou s'étonnaient-elles de percevoir un état d'être. La main que l'on veut ferme et dit que tout va bien ou celle que l'on sent molle et fait lever les yeux vers ceux d'en face... Le panel des fréquences disponibles pour la communication, montante ou descendante, est pourtant beaucoup plus grand bien sûr, quasiment infini comme l'est celui du regard dans sa gamme propre. Ainsi, lorsque les bras pourront à nouveau se tendre, peut-être prendra-t-on conscience que les mains sont des paumes qui palpitent, respirent et transpirent, des doigts qui palpent, frémissent et enserrent, des milliers de terminaisons nerveuses comme autant de capteurs des palpitations et des frémissements de la main d'en face. Peut-être... On peut rêver... Rêver sans illusions car on sait bien que les résolutions qui suivent les "désormais" accompagnent trop souvent les "plus jamais ça" dans les fosses de l'oubli et que les choses d'après reprennent trop vite le cours habituel des choses d'avant. On commence à percevoir aussi que l'après covid n'est pas pour demain, que la distanciation sociale et le port du masque risquent de brider encore longtemps la communication présentielle entre les humains. Resteront les voix étouffées et invisibles derrière les masques et les regards amputés de la plupart des expressions et mimiques accompagnatrices. Pourvu qu'aucune quelconque méchante radiation ne contraigne un jour l'humanité à se couvrir les yeux de protections fumées !... |