mamimadi l'humeur hebdomadaire |
4 mai - Co-vide politique ? Mardi 28 avril. Je viens d'assister de bout en bout à la présentation par notre premier ministre, devant une sélection de nos députés, du déconfinement prévu par notre gouvernement ainsi qu'aux prises de parole des nombreux représentants de partis qui l'ont suivi, à la réponse du premier ministre, aux consignes de vote des groupes parlementaires enfin. Ce fut long, mais instructif au point de déloger mon humeur hebdomadaire initiale de mon petit cerveau. Depuis quelque temps en effet je ronchonnais d'avoir à constater que le féminin s'accordait de moins en moins dans les expressions orales publiques. Un anomalie d'autant plus choquante qu'elle s'inscrit à côté d'une féminisation à outrance et généralement outrancière des noms de métier ou de fonction et de tentatives parfois virulentes d'imposer l'écriture inclusive. Je résume : "La personne qui a été admis en réanimation et pour lequel l'intubation est inévitable...". Les exemples sont nombreux et je me proposais de les recenser, juste pour le plaisir puisque convaincu qu'une erreur qui se généralise devient généralement (:-) la règle. Exit donc les fautes de français, retour à l'actu des Français, exceptionnelle, mortifère et enrichissante à la fois. En m'installant un peu avant l'heure devant ma pas si petite télé, j'ai eu le temps d'imaginer la situation si elle avait eu lieu en des temps précédents, sous d'autres présidences. Imaginer François Hollande tentant d'appréhender des réponses à la pandémie sous son casque de scooter, Nicolas Sarkozy trépignant et menaçant de karchériser les potentiels contamineurs, Jacques Chirac levant sa chope de bière au cul des vaches à la bonne santé d'une popularité nourrie à tout ce qui passe, même virulent, ou encore François Mitterrand haussant le ton et le sourcil pour masquer ses erreurs historiques ou ses déviances privées qu'on n'aurait su voir à l'époque ("cachez moi ce sein..."). Et je me suis dit que, même jupitérien, même représentant des riches, adeptes des premiers de cordée, trop jeune pour n'être pas assez vieux, notre président était plutôt un atout pour notre pays dans cette affaire. En toute relativité, bien sûr, et toute critique étant recevable sur son action contre la pandémie - telle son erreur de communication sur la gestion du manque de masques -, ou sa politique d'une façon générale - ses décisions militaires trop militaristes par exemple -. En écoutant attentivement le premier ministre, j'ai eu le sentiment d'avoir sur mon écran quelqu'un qui avait beaucoup travaillé sur l'ensemble des problèmes qui assaillaient actuellement le pays et qu'il en proposait d'éventuelles solutions non pas à la manière d'un chef de guerre sûr de lui qui n'aurait aucun compte à rendre à ses troupes, mais à la manière d'un chercheur en quête de la moins mauvaise voie vers la résolution d'une énigme malfaisante. Les solutions sont éventuelles parce qu'il semble savoir qu'il y a encore beaucoup à apprendre sur se qui s'est passé et qu'il faudra encore apprendre de ce que l'avenir apportera d'imprévisible, en lien ou non avec nos décisions tâtonnantes et nos comportements d'humains, individualistes et grégaires à la fois. Les solutions sont proposées parce qu'il semble être conscient que la réussite du plan tient dans une infinité de détails ingérables par un état major même dictatorial, efficaces uniquement s'ils sont mis en œuvre à chaque niveau de la société, des collectivités plus ou moins imbriquées les unes aux autres aux individus plus ou moins reliés les uns aux autres. Sans doute n'a-t-il pas tout dit, psychologie et sociologie obligent ? La vérité prend des éclairages différents selon les individus et surtout, en ces temps hyper connectés, selon les vagues qui parcourent les sociétés et ces éclairages-mêmes ont une influence sur les comportements. Comme l'excipient du médicament sur son principe actif... Et puis j'ai écouté les interventions d'une vingtaine de députés au nom de leur parti. Écouté sans les entendre. Je n'entends rien à cette politique-ci qui démolit à tout va les constructeurs et leurs constructions, ni même à cette politique-là qui applaudit sans réserve l'édification de plans évidemment imparfaits, incomplets ou simplement pas tout à fait clairs. J'en ai d'autant plus admiré la réponse du premier ministre à cette suite attaques émaillées de quelques flagorneries : il remerciait même les plus indécents pseudo-contributeurs et continuait de mettre en garde tout le monde, les plus optimistes compris. J'ai quitté mon fauteuil avant un vote dont le résultat ne faisait aucun doute et ne nécessitait donc pas un surcroît d'investissement d'un temps d'autant plus précieux qu'il est actuellement surabondant. Votre étonnement m'est perceptible... Avez-vous remarqué combien l'excès d'un tout dévalorisé empêche d'accorder la valeur qu'elle mérite à chaque partie très précieuse pourtant de ce tout ? Bof !... |