mamimadi l'humeur hebdomadaire |
10 février - Grain de vie Que suis-je, moi, petit grain de sable sur les sept kilomètres de plages turballaises ? On sait bien que les grains turballais sont énormes comparés aux aux quasi poussières grisâtres du sable baulois, mais que pèse un grain parmi des petagrains (mille milliards de milliers de grains comme fulminait le capitaine Haddock pour convoquer les pétasses à bord)) ? Que pèse ma petite personne perdue dans les quelque dix milliards d'individus essaimés sur la planète ? Que pèsent mes pensées, mes désirs, mes souhaits dilués dans l'enchevêtrement des volontés, des appétits, des aspirations globales ? Que pèsent mes (pas si petits) petits agissements et (pas si grandes) grandes actions enfouis sous le bruissement brownien universel ? Peu de chose bien sûr, quasiment rien et même trois fois rien, aurait dit le grand et gros Raymond. Un petit poids d'autant plus epsilonesque qu'il n'a pas la couleur d'éternité dont se pare la pépite turballaise à l'érosion si lente. - Et pourtant... - Pourtant ? On me dit pourtant que je prends trop de place sur cette Terre, que je consomme trop, que je pollue trop. On me serine que mes choix sont importants pour mon quartier, mon pays, ma planète : voter, trier, acheter, éduquer,... Pourtant on me bourdonne que mon passage si rapide sur Terre vient de loin et conditionne la vie des passagers des temps à venir. On me persuade pourtant que je suis trop important. - Et alors ? - Alors : C'est donc que je ne suis pas qu'un grain de sable, serait-il turballais. Contrairement à lui, je suis lié et relié, dans l'espace et dans le temps. Les couleurs de ma vie prennent beaucoup de la couleur des vies qui m'entourent et qui m'ont précédé ; elle contribuent aussi un peu à celles qui me côtoient ou qui me succèderont. Le poids de ma petite personne est bien davantage que le poids d'un grain de sable, c'est le poids de la couleur de mes jours. C.Q.F.D. |