mamimadi l'humeur hebdomadaire |
3 février - Oscillatoire ? "L'effacement des religions en Europe, jusqu'où ?". C'est l'un des titres de mon quotidien préféré, celui qui rend compte des faits bruts d'interprétation et qui les interprète régulièrement avec la rigueur journalistique maximale : La Croix. Il serait facile de penser que cet effacement est le signe que la raison envahit depuis quelques décennies les cerveaux européens. Quoi de plus déraisonnable que de (re)lier ses croyances à celles d'un groupe qui prétend les construire à façon ? Ce que chacun croit devrait venir de lui, devrait être construit à partir de ce qu'il sait (ou croit savoir, relativité généralisée oblige) et de ce qu'il admet du savoir d'autres auxquels il fait confiance. Que les religions qui prétendent contraindre leurs fidèles à croire l'incroyable-pour-soi incitent ainsi les plus raisonnables à les quitter n'est pas surprenant. Malheureusement il n'y a aucune raison qu'Homo sapiens, même européen, soit plus raisonnable maintenant que lorsqu'il côtoyait ses vieux cousins néandertaliens, bien au contraire même, à en croire certains spécialistes (dont il convient néanmoins de douter :-). Sans doute (qui en comporte un peu pourtant, contrairement à "sans nul doute") a-t-il simplement reporté son regard du ciel vers son nombril, la valorisation de l'individu, de ses besoins et de ses envies devenant le but ultime au nom de quoi tout le reste est sacrifié, une religion comme une autre en quelque sorte. Il suffira qu'il s'aperçoive dans quelques autres décennies que les démons associés restent inchangés, toujours efficaces dans leurs productions d'insatisfactions, pour qu'il aspire au retour du balancier. L'article ne répond évidemment pas à la question "jusqu'où ?" puisque nul n'a la maîtrise du balancier, sinon quelque dieu improbable ou quelque dictateur s'emparant de Google. L'article peine également à développer son titre, "l'effacement des religions". Tout juste suggère-t-il que, concernant l'Église catholique, l'affaiblissement des religions en Europe serait dû à une "perte de pertinence des énoncés religieux [catholiques] dans la société" sans expliquer, dans le même temps,"l'essor des protestants évangéliques ou encore une hausse de la pratique chez les musulmans". Une interprétation possible serait que toutes les religions ne sont pas synchrones dans leurs mouvement oscillatoire, certaines se trouvant en avance, d'autres en retard, les premières risquant de se retrouver dans des positions comparables à celles des dernières au fil du temps... |