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mamimadi
l'humeur hebdomadaire

31 août - Bruits et bruit

      Le bruit excessif m'excède. C'est comme ça. Pas le bruit inévitable ou incompressible et qui reste dans les clous de la légalité. Pas le bruit que je peux m'imposer à moi-même s'il n'indispose pas mon voisinage. Les nuisances sonores qu'il m'arrive de produire le sont à l'insu de mon plein gré et je saurais gré à mon environnement de s'accorder à mon diapason. Sans illusions.

      Exemples.

      Un grand nombre de motos produisent un volume sonore à faire sursauter les conducteurs pépères coincés derrière leur volant. La limite des quatre-vingts décibels fixée par la loi est grandement et volontairement dépassée pas les motards qui font de ce dépassement un élément de leur sécurité : les automobilistes sont d'autant plus attentifs à leur présence que leurs engins sont bruyants, disent-ils. Bien sûr. Sauf que les dits automobilistes auraient la possibilité de porter sur eux l'attention qu'ils portent à tout élément circulant dans leur rétroviseur si les grands dépassements de vitesse motocycliste ne venaient les surprendre. Verra-t-on un jour les automobilistes coutumiers des vitesses excessives demander la libération de leurs pots d'échappement pour des raisons de sécurité ?

      L'automne va arriver et le bal des souffleuses thermiques va commencer. Il est certainement très important de débusquer les feuilles mortes des moindres interstices au fond desquels certaines ont trouvé refuge. Caniveaux, recoins, clôtures, haies... Cent ou cent-dix décibels sont émis tout à fait réglementairement s'ils le sont sur des plages horaires autorisées par les règlements de police locaux. Mais pourquoi, une fois délogées, continuer de les propulser sur des dizaines de mètres alors que le balai d'un particulier ou la balayeuse moins bruyante du professionnel pourrait alors être utilisé ?

      Paramoteurs profitant des atmosphères sereines pour s'y traîner bruyamment, tondeuses pétaradant sur les heures de repas ou de repos, automobiles promenant toutes vitres ouvertes une sono à la hauteur des annonces de cirques,...

      Stooop ! Une urgence...

      Alors que mûrissait cette petite humeur hebdomadaire, un doigt a pesé sur le bouton de ma sonnerie. Derrière ce doigt, un jeune m'a proposé de lui acheter une boîte de gâteaux bretons. Pour l'aider à financer ses études au lycée hôtelier de La Roche-sur-Yon me dit-il d'entrée. Un jeune noir, bien mis sur lui, cheveux frisés et colorés, le regard clair et le verbe net. Plus ou moins bêtement selon les uns, raisonnablement selon les autres, je ne rentre jamais dans ce genre de marché et j'ai tenté de lui en exposer les raisons. Nous avons discuté. Il est reparti avec l'assurance de ma sympathie et mes encouragements pour ses études. Une fois réinstallé devant mon déjeuner interrompu, un voile de mauvaise conscience s'est installé dans mon esprit. Afin de le dissiper sans attendre, j'ai failli courir après mon quémandeur pour lui offrir ma petite contribution. Une offre, pas un achat. À défaut de l'avoir fait, il me faudra bien le développement d'une humeur complète sur le sujet pour que s'estompe tout à fait en moi le bruit de cette rencontre décevante.

Lutin