mamimadi l'humeur hebdomadaire |
27 juillet - Râler, convaincre, ignorer Un certain nombre de comportements d'un certain nombre de mes concitoyens me déplaisent. Il arrive même assez souvent que les miens ne me plaisent guère, soit parce que je n'ai pas eu le courage de les éviter ou pas pris la peine de les pallier, soit parce que leur côté déplaisant m'apparaît a posteriori dans leurs conséquences. Confronté à ces déplaisirs, différentes réactions sont possibles. On peut d'abord râler haut et fort : coup de klaxon et geste menaçant à l'auto mal stationnée ou dépourvue de clignotants ; coup de gueule global contre les privilégiés gilet-jaunisés brûlant des montagnes de pneus sur la voie publique ; prise de tête contre soi-même, décidément incapable d'empathie envers les présumés emmerdeurs qui m'entourent. On peut aussi se dire que c'est la perception de l'anomalie qui doit changer : cette moto fait beaucoup de bruit, c'est bon pour sa sécurité ; les déchets laissés sur la plage pourraient fournir un peu de travail et quelques petits sous à ceux qui en cherchent ; les emportements liés à la certitude de mes doutes sont finalement ma signature et mieux vaut les accepter. On peut encore tenter de signifier aux fauteurs de trouble le trouble qu'ils provoquent. C'est évidemment le comportement le plus sage mais aussi le plus tordu : comment établir les liens permettant de dire les choses dans les situations distantes, grégaires ou cloisonnées ? Où est le maître du chien dont la crotte orne le trottoir ? Quels leviers actionner pour que les covido-sceptiques respectent la crainte des autres ? Quelle philosophie fera de ce que je sais ou crois savoir une conviction (les abus infligés au corps sont des atteintes à l'esprit, par exemple) ? On peut enfin ne rien faire du tout : les choses sont ainsi et il convient de faire avec. Point. Ce n'est pas l'attitude la plus facile à adopter mais ce pourrait être la plus raisonnable. D'abord parce qu'à l'heure actuelle les susceptibilités s'exaspèrent rapidement, les poings et les pieds entrent souvent en action et même les couteaux sortent parfois des poches. Ensuite parce que, même si certains ont conscience de certaines de leurs erreurs ou de leurs fautes dans quelque domaine que ce soit, très peu acceptent qu'elles leurs soient reprochées de l'extérieur. Comportements individuels, agissements collectifs ou usages nationaux souffrent d'être jugés par d'autres individus, d'autres collectivités ou d'autres nations. Râler bêtement, convaincre prétentieusement ou ignorer superbement ? A-t-on vraiment le choix ? |