mamimadi l'humeur hebdomadaire |
10 août - Moi et le monde Bon, l'humeur de la semaine passée est effacée, la page est blanche et prête pour y coucher une nouvelle humeur, une idée fatiguée, une impression de passage, une pensée fugitive, quelque chose qu'on aurait plaisir à border pour son voyage réticulaire en l'agrémentant d'une petite histoire. Quelque chose qui serait cette petite histoire... Il était une fois un virus... Il était une fois un président... Il était une fois une guerre, une explosion, un typhon... Il était une fois des gens qui, des vieux que, des femmes dont,... Il était une fois moi ! Et moi et moi, émoi... Rien ne m'émeut plus et mieux que moi-même bien sûr, comme tout le monde puisque l'empathie naît en soi et nulle part ailleurs. Le monde et moi. Moi et le monde plutôt puisque, sans moi, le monde n'existerait évidemment pas pour moi. Les Grecs anciens n'imaginaient pas que la lumière partaient des objets et les rendaient visibles à tout œil disposé pour la recevoir, ils pensaient que c'était le regard qui partait s'approprier les objets vus. S'ils avaient tort selon la Physique, ils avaient bien raison selon la Psychologie. L'empathie est le regard de l'âme qui va harponner gens et événements à coups d'atomes crochus décochés au gré du harponneur. Au gré, car l'empathie est sélective. L'empathie pâtirait de l'excès des sujets d'empathie si des atomes crochus devaient se développer aussi intensément vers chaque population, chaque groupe, chaque individu. Le monde n'est pour moi que ce que je peux ou veux y voir, plus intensément ici, nettement plus confusément par là, éventuellement plus tard... Ce dimanche par exemple, les titres de la presse brossent mon paysage, chacun imprimant sa couleur sur fond de montagne russe émotionnelle : petite compassion pour l'Amérique latine, région la plus endeuillée du monde à cause de la covid ; grimace de dépit après la découverte de huit migrants dans un camion près d'Aix-en-Provence; détournement du regard sur la participation de Trump à une visioconférence de donateurs pour le Liban ; forte envie de cliquer sur la mort d'un chauffeur routier tué par un gendarme après un refus d'obtempérer ; haussement d'épaule pour l'émeute sur une plage belge à cause des mesures imposées pour lutter contre la pandémie ;... Ces "Il est une fois aujourd'hui" qui font les histoires de la presse et des médias ne feraient donc pas tous une histoire pour moi. Faire de cette constatation tout une histoire a néanmoins noirci la page blanche d'idées plus ou moins bien bordées... Bonne semaine !
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