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28 septembre - Marronniers C'est la saison des marrons, non ? C'est en tout cas celui des marronniers cette semaine avec deux des affaires qui remplissent nos feuilles quotidiennes : la tenue décente à l'école et le dopage dans le cyclisme. Deux dossiers qui reviennent périodiquement sur les tapis médiatiques sous forme d'affaires problématiques, affaires scandaleuses, affaires à régler toutes autres affaires cessantes, mais affaires danaïdesques dont le tonneau des solutions est apparemment sans fond. "Des lycéennes protestent depuis une semaine contre l’interdiction du port de tenues supposées trop sexy et dénoncent aussi l’interdiction du port du voile musulman" (LaCroix). Comment ne pas comprendre que des demoiselles qui exhibaient encore hier sur la plage leurs rondeurs fessières de part et d'autre d'un string invisible ne comprennent pas l'interdiction qui leur est faite d'afficher leur nombril sur la cour de récréation ? On peut imaginer que pour ces demoiselles-là, la dénonciation de l'interdiction du "voile musulman" n'est qu'un argument démontrant l'inanité de la politique vestimentaire de l'école... Mais il est vrai que nudité et voile sont liés dans une même problématique : comment, dans un lieu public, permettre un vivre-ensemble satisfaisant ? Les réponses des décideurs de la Républiques revêtent des formes multiples mais vont toutes dans le même sens, le bon. "Chacun peut comprendre qu’on vient à l’école habillé de façon républicaine", dit le ministre. Oui à la "liberté vestimentaire", dit le Président, avec "quelques codes" et surtout du "bon sens". "S'habiller normalement" ou "porter une tenue correcte" disent les règlements des établissements scolaires. Chaque citoyen ayant son propre avis sur ce qui est correct, normal, républicain ou de bon sens, ce marronnier-là a de belles années devant lui. "Une enquête a été ouverte sur des soupçons de dopage visant une équipe du Tour de France cycliste qui vient de s'achever, et a permis la découverte de médicaments et d'une «méthode pouvant être qualifiée de dopante»" (LeFigaro). La course à l'échalote continuerait donc entre les forçats du vélo forcés de produire du spectacle sur l'asphalte bordé de spectateurs hurlants et les gardiens des barrières supposées protéger leur santé et l'égalité des chances d'accéder à la popularité. Comment ne pas comprendre que lorsque le petit peuple veut des jeux dont il refuse de savoir par qui ils sont payés, les grands exploiteurs construisent des cirques toujours plus démesurés et abracadabrantesques dans lesquels la bête humaine est tenue de se dépasser ou de s'abstenir. Et quand la démesure proposée n'a pas de limites, les limites des mesures imposées volent forcément en éclats. On dit que le Tour de France 2020 est le plus difficile de tous les temps, au moins des temps "modernes", avec des pentes à 22%, des étapes de 200 kilomètres et des dénivelés de 4000 mètres ; les performances de vitesse et de puissance physique ont pourtant égalé et parfois dépassé les sommets obtenus lors des grandes années dopées sans que les progrès techniques ou physiologiques en soient totalement et indubitablement responsables. Il y a malheureusement fort à parier qu'à la sortie du Tour de France 2021 quelque lecteur installé à l'ombre de son marronnier préféré pourra à nouveau lire "Une enquête a été ouverte..." |