mamimadi l'humeur hebdomadaire |
20 janvier - Surhumanité L'actualité pourrait bien me conforter dans l'idée que le surhomme, ça n'existe pas. Voyez ce pape, théoriquement candidat à la sainteté, qui s'agace et s'emporte contre une fan, comme n'importe quel Jésus chassant les marchands du temple, incapable de réprimer la part de bad boy tapie au fond de chacun d'entre nous. Voyez sur tous les écrans ce capitaine d'industrie, universellement qualifié d'hyper intelligent, incapable de montrer autre chose qu'une rapacité égocentrique dépourvue de toute empathie. Voyez encore ce président pourtant admirable sur bien des points mais incapable d'ajuster son comportement politique à la réalité de ses concitoyens bloqués et bloqueurs. Voyez enfin ce prêtre affublé de son vœu de chasteté mais incapable de réfréner ses pulsions sexuelles, orientées jeunes enfants et donc criminelles qui plus est. Extraire l'homme de son humanité est impossible et vouloir le faire aboutit à des catastrophes. L'Église romaine catholique et apostolique a voulu et veut encore retirer toute sexualité de la chair et des pensées de ses clercs, exaspérant ainsi les fantasmes et favorisant les déviances. Des entreprises ont choisi des sauveurs, des groupes ont choisi des guides, des peuples ont choisi des libérateurs, attribuant ainsi la toute-puissance à des personnes trop souvent promptes à en abuser. Mais les héros pourtant, les personnages de l'extrême, de tous les extrêmes ne sont-ils pas surhumains dans ce qu'ils montrent à l'humanité ébahie ? Ceux qui risquent la mort, ceux qui risquent leur vie, les guerriers, les ascètes, les sportifs, les pionniers, les découvreurs, ceux qui se transcendent et qui font aujourd'hui ou feront un jour les unes que d'autres ne feront jamais ? Savez-vous quoi ? J'ai la conviction qu'il y a davantage d'héroïsme chez beaucoup de gens ordinaires qui luttent dans une existence difficile que chez le pilote de char dans les sables du désert, le musher sur la glace des pôles ou l'ermite devant ses dieux intérieurs. Certains héros meurent de leurs activités héroïques, oui, comme des gens ordinaires meurent souvent de leur vie ordinaire : avec courage. Si peu de héros se sont suicidés pour n'avoir pas pu supporter l'échec, est-ce parce qu'ils sont plus forts ou bien plutôt que l'obstacle à franchir était moindre que celui que devaient franchir les suicidés anonymes ? |