mamimadi l'humeur hebdomadaire |
24 août - Chère gratuité On dit que la covid ne sera maîtrisée que si la population entière porte le masque continuellement dans les espaces publiques. Bien. Mais les masques ont un coût et certains l'avancent comme argument pour ne pas le porter. Deux masques par jour et par personne, multipliés par 4 pour une famille moyenne, multipliés par 365 pour se faire une idée de l'impact sur le budget annuel, cela nous fait pas loin de 3000 masques à 20 euros le paquet de 50, ça nous fait dans les 1200 euros. Et c'est pas rien. C'est, grosso modo, le budget annuel de 7 cigarettes quotidiennes pour une personne, 2 cigarettes et un mégot pour chaque partie d'un couple fumeur. Bon, le plaisir lié à la dépense n'est pas comparable puisque les masques ne servent qu'à protéger une santé de plus en plus estimée due par tous les acteurs de la société, à l'exclusion de soi-même. On entend donc réclamer ici ou là - pour ne pas dire un peu partout - la gratuité du masque pour tous. Les salariés le demandent, les syndicalistes l'exigent, le corps médical le conseille et les politiciens qui n'ont pas les cordons de la bourse de l'État le proclament (les autres ne savent pas...). La gratuité pour tous. Salariés de toute activité, employés de tout secteur, scolaires, retraités, chacun doit être pourvu en masques aptes à se protéger les uns des autres selon les uns, protéger la nation selon les autres. Gratuité des gratuités, et tout est gratuité... Tant qu'on y est, les transports en commun devraient être gratuits pour que les citadins abandonnent leur auto chérie et que diminue la pollution issue des rues vrombissantes. Les cantines des écoles devraient être gratuites pour avoir la certitude que tous les enfants mangent à leur faim. Le surcoût actuel des véhicules électriques devrait être effacé pour accélérer la transition écologique et tenter de lutter contre le dérèglement climatique. L'école devrait être réellement et entièrement gratuite, tous les frais associés à sa fréquentation devant être pris en charge par la société. L'argent lui-même devrait ne rien coûter pour que les jeunes puissent construire leur environnement, que les entrepreneurs puissent entreprendre, que les consommateurs puissent consommer, enfin que la machine qui fait tourner les sous tourne au bon régime. La peur engendrée par la pandémie vécue actuellement a fait remonter à la surface des esprits que l'existence elle-même derait être gratuite : tant d'individus ont perdu leur travail, tant de familles ont perdu leurs ressources que l'idée du revenu universel s'est vue resservie sur le plateau des utopies. Ne plus avoir à "gagner sa vie", la gratuité suprême ! Bizarrement sans doute, de toutes les gratuités ce pourrait être la plus raisonnable, celle qui permet - tout autre gratuité étant supprimée - de mesurer la valeur des choses payées à leur juste prix et non pas noyées dans le brouillard du pot commun. Non ? Pourquoi non ? |