mamimadi l'humeur hebdomadaire |
2 novembre - Fin de vie Sauriez-vous remplir les deux cases d'une grille de mots-croisés correspondant à la définition : "Fin de vie" ? Réponse trop facile pour un cruciverbiste un tant soit peu chevronné, habitué à la rouerie des verbicrucistes : "IE". L'abréviation latine de "C'est-à-dire" fait aussi une définition couramment rencontrée mais, quoique de tonalité savante, a pris des allures de bouche-trou. La mise en case de cette "fin de vie" est beaucoup moins simple quand elle est exprimée par un humain installé sur la grille du temps. Son entame, en premier lieu, est objet de questions, voire de questionnements. Quand commence-t-il, ce début de la fin ? Dès que les premiers signes inquiétants sont perçus ? Lorsque la nature d'un mal agressif est révélée ? Quand les soins sont suspendus faute de résultats et que commence l'attente de l'inexorable conclusion ? Ou bien lorsque s'expriment les premiers râles exhalés des brumes morphinisées ? On peut imaginer que la perception du début de la fin de vie dépend de chacun, chaque palier atteint étant porteur du séisme capable d'obliger à l'acceptation. Son déroulement n'est pas moins problématique. On a eu beau se dire et dire en des périodes de bonne santé qu'on voudrait finir comme ci et pas comme ça, qu'on veut terminer sa vie dans sa maison et non à l'hôpital, qu'on désire une fin courte et pas inutilement prolongée, il est rare que tout se passe comme souhaité ou même prévu. Notre loi ne permet pas tout et la médecine ne peut pas tout. Une fois le suicide écarté, les contraintes sociétales et médicales réduisent progressivement le champ des décisions, accroissent la dépendance aux protocoles et autres routines de sorte qu'au bout du bout la mort du mourant n'est plus la sienne mais le résultat d'une programmation administrative. La fin de vie peut donc être finalement une grille de maux remplie à la fois dans le désordre des ressentis présumés subjectifs et l'ordre des institutions présumées objectives. Seul son complet achèvement met les maux à leur juste place, celle de l'absence définitive. Non ? |