1er juillet - J'ai 27 ans !

      Ma mère s'amusait à retourner les deux derniers chiffres de son âge pour se rajeunir malicieusement et si je suivais son exemple, je n'aurais que 27 ans ce premier jour de juillet. Mais, si le rajeunissement pourrait bien être un besoin au regard des faiblesses et des lacunes qui m'assaillent lors de l'accomplissement de tâches obligatoires ou simplement plaisantes, il n'est point pour moi l'objet d'une envie quelconque. Recommencer à 27 ans ? Quel travail ! Merci, j'ai déjà donné...

      La canicule actuelle et tout ce qu'elle révèle de notre pauvre monde n'incite pas trop non plus à une utopique seconde plongée dans la vie. La plupart des vieux comme moi proclament que c'était mieux avant. Personnellement, je n'en sais rien. Ça dépend pour qui et pour quoi et ça mérite un un développement a priori interminable des arguments présentant les avantages et les inconvénients du monde actuel, le degré d'impact de chacun sur chacun (et chacune), leur intrication dans l'ensemble. Ce qui est plus clair par son côté sombre, c'est que ce sera moins bien après. Dans notre hexagone pourtant réputé nombriliste, seuls quelques centaines d'irréductibles pas forcément gaulois et quelques milliers d'inconscients pas tous gilets-jaunisés en doutent encore.

      Positivons... Rêvons que notre petite canicule et les grandes catastrophes climatiques, mais aussi les petits scandales politiques et les grandes infamies économiques, rêvons que les petits malheurs qui pourrissent la vie des Terriens et les grands malheurs qui détruisent leur Terre incitent ou obligent "les gens" - nous tous - à la raison sinon à la sagesse, le rêve ayant quand même quelque limite. Comprendre que chacun doive consommer moins de superflu pour que tous disposent de plus du nécessaire, c'est possible ? Comprendre qu'il faille se chauffer un peu moins en hiver pour avoir beaucoup moins à se refroidir en été, c'est possible ? Comprendre que trop de puissants de la politique, de l'industrie, de la finance ou de la guerre manipulent les citoyens trop crédules, les consommateurs trop naïfs, les assujettis impuissants ou les protégés qui n'en demandent souvent pas tant, c'est possible ?

      Si c'est possible, alors tout est possible, même peut-être alors l'envie de revenir à mes vingt ans...