mamimadi l'humeur hebdomadaire |
30 septembre - L'Art et ses Chapelles Qu'on me comprenne bien (bis) : par ces petites humeurs hebdomadaires, je ne cherche à persuader personne, ayant moi-même trop de difficultés à me créer des convictions. Je les vis d'abord comme une conversation avec moi-même et - le "plus si affinité" étant toujours bien venu - j'en fais une perche tendue au dehors de mon petit monde cérébral. Persuader c'est faire entendre raison, et ça n'est pas mon truc. Converser c'est partager des sentiments, et ça me plaît davantage. Pas vous ? Conversation avec moi-même et perche tendue, le petit feedback que m'inspire mon récent parcours des expositions en Presqu'île guérandaise dans le cadre de "L'Art au gré des Chapelles" pourrait bien en être une bonne illustration. En cours de visite, je me suis amusé à imaginer l'achat d'une œuvre qu'il m'aurait plu d'accrocher dans mon salon. Amusement laborieux. Beaucoup de toiles respirant pourtant le travail et le talent ne m'ont pas tenté : c'est beau sans doute mais ça n'est pas pour moi, quelle qu'en soit la renommée de l'auteur, quel qu'en soit le prix. Un certain nombre de choix raisonnablement possibles sont ainsi refusés par mes goûts pourtant très incertains et/ou des sentiments plus ou moins conscients. Lors d'une étape, un bon connaisseur pensant m'aider m'a proposé son éclairage. OK disait-il pour l'achat "coup de cœur" s'il reste dans les limites de la bourse de l'acheteur, cinq cents ou mille euros préjugea-t-il en me jaugeant. Au-delà, la raison doit l'emporter sur le cœur et l'acheteur doit se renseigner sur la valeur réelle de l'œuvre pour le cas où, se trouvant en mal d'argent ou bien lassé de sa contemplation, il souhaiterait la revendre. Exemples à la clef, il considérait en effet trop fréquente la surévaluation volontaire par certains artistes des œuvres exposées, la valeur sonnante et trébuchante venant au secours de la valeur artistique d'une réalisation trop courante et possiblement trébuchante. Acheter des œuvres de prix, d'accord disait-il, mais des prix certifiés par le marché de l'art. Et "l'Art au gré des Chapelles" en exposait bien sûr de ces créations d'artistes connus, bien référencés et bien cotés, de ces toiles à placer dans un coffre-fort ou bien dans son salon afin de bien montrer qu'on a des moyens pas moyens. Je les ai bien regardées celles-là aussi, examinées, jaugées, estimées mais, ou bien je ne les ai pas comprises, ou bien je les ai trop bien comprises. Trop citadines ou trop vaporeuses, trop lugubres ou trop exubérantes, trop naïves ou trop absconses, elles étaient "trop" pour moi qui ne les ai pas imaginées un instant installées dans ma demeure. Deux aquarelles me plaisaient particulièrement pourtant, surévaluées elles aussi à ce que j'ai compris à demi-mots et quelques hésitations de mon conseilleur. Légèrement agacé, je me suis dit que l'argent n'était quand même pas tout, que d'autres valeurs sans doute plus personnelles et subjectives devaient bien peser lors d'un choix dans ce domaine. La tonalité et l'ambiance de l'une, les courbes et le mouvement de l'autre comptaient plus que leur prix dans mon jugement sur elles. Pourquoi des valeurs sans cours seraient-elles des valeurs sans valeur ? Ça n'était qu'un jeu et je n'ai pas acheté bien sûr. Même relativement limitées, le nombre de toiles rencontrées ici ou là que j'aimerais voir dans mon salon nécessiterait beaucoup de petits sous et un très grand salon. Autant aller les rencontrer là où elles s'exposent gratuitement, donnent à s'émouvoir quelques instants et à penser de longs moments. Non ?
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