Envie irrépressible de pleurer ? Vas-y, laisse-toi aller, c'est un besoin qu'il faut respecter, ça te fera du bien...
Sans doute... Peut-être le dit-on aussi parce qu'on ne peut pas faire autrement. Pour rassurer, pour espérer...
Les pleurs (les pleurs de malheur, non pas les pleurs de bonheur, beaucoup plus rares) me font pourtant penser à la plaie qu'on recouvrirait de sel pour la cautériser. Larmes salées qui brûlent et apporteraient la guérison au bout du tunnel.
Fatalité lacrymale en quelque sorte.
Mais si la peau, cette peau-là, blessée de cette façon-là, pouvait ne pas guérir sous l'agression du sel ? Si les morsures répétées ne faisaient qu'entretenir la blessure, la dévoyer sur des chemins encore moins contrôlables ?
Et si donc pleurer alimentait, accroissait même le besoin de pleurer ? Parce que ça "fait du bien", ça continuerait de faire mal, fermant la porte à la résilience, à la cicatrisation des vécus trop douloureux, à la mise en mémoire plus sereine des images et des scènes dont le futur souhaitable est de s'installer dans le passé.
Non, l'envie de pleurer ne semble pas enviable quand bien même elle serait un besoin passager. Et non, aucune irrépressibilité naturelle ne justifie de s'y complaire en la provoquant ou bien en la prolongeant. Vas-y, l'ami, pleure si tes larmes jaillissent, mais ne te laisse pas aller...