La normalitude fait quand même beaucoup de ravages, ne trouvez-vous pas ? Tout se passe comme si chacun tentait d'aligner sa personne dans l'allure commune, de se la couler doucement dans le creuset du penser et du faire commun. Le vent de la mode emporte les esprits vers les mêmes achats, les bourrasques de l'actualité poussent les foules aux mêmes comportements. Le mépris généralisé pour les dirigeants (les vrais, ceux qui ne se contentent pas de flatter le peuple), les étiquettes complotistes collées sur les entrepreneurs (les vrais, ceux qui réussissent), la méfiance croissante envers les scientifiques (les vrais, ceux qui doutent) en sont actuellement de bons exemples.
Les élites n'ont plus la cote...
Les plus savants, les plus entreprenants ou les plus responsables ne représentent évidemment pas le meilleur de la population mais le désamour qui leur est opposé pourrait faire penser que le peuple est atteint du complexe du médiocre :
Incapables d'atteindre les sphères décisionnelles de la République, ils préfèrent les décrier tout en prétendant refaire les lois communes autour des ronds-points piquetés de jaune...
Incapables de hisser leur fortune au niveau des grands manageurs, ils préfèrent les dénigrer tout en jouant à "Qui veut gagner des millions" au cas où...
Incapables de comprendre la différence entre le vaccin à ARN messager et le vaccin à protéine recombinante, ils préfèrent proclamer que ces vaccins ne sont pas au point tout en souhaitant qu'au moins les deux-tiers de la population soit vaccinée...
De même que le manuel peut se croire obligé de se moquer des intellectuels tout en tentant de les singer, de même que le petit peut s'obliger à paraître plus grand, stigmatisant ainsi sa différence, de même que le noir, le timide, l'obèse, le handicapé, le LGBTQ, bref, l'anormal lambda qui souffre de son anormalité peut éprouver le besoin de se positionner contre le normal sont il signale ainsi la disance, le citoyen moyen semble éprouver actuellement le besoin de toiser les citoyens placés au-dessus de sa condition. Complexe du moyen, du commun, du banal. Complexe du médiocre.
Oui ?... Pourquoi non ?