L'échange véritable entre deux personnes est un privilège. Chacune doit savoir écouter l'autre et pouvoir parler vrai. Voyons ça...
Parler vrai n'est pas facile et pas donné à tout le monde. Il y faut évidemment de la franchise, de celle qui a été réfléchie, est assumée et sera justifiable. Il y faut aussi de l'empathie, de celle qui incite à se pencher vraiment vers l'interlocuteur pour que le verbe soit adressé à cette personne-là et pas à une autre. Il y faut encore du courage, de celui qui ne va pas se laisser bâillonner par une empathie émolliente ou bien encore déborder par une franchise trop pure et trop dure.
Écouter n'est pas facile non plus et apparemment donné à moins de monde encore. Il y faut bien sûr et toujours cette empathie qui fait tendre l'oreille, les yeux dans les yeux (difficile, eh oui !). Il y faut aussi de l'entendement, cette compréhension des mots et des silences assemblés en paroles et discours dont la ponctuation et les syncopes ont un sens à découvrir. Il y faut encore de l'application, une attention qui clôt le bec tant que le discours de l'autre fait vibrer l'esprit et l'ouvre à bon escient lorsque le discours s'épuise ou s'égare.
Empathie, écoute, entendement, franchise, courage, rigueur... Un seul talent vous manque et tout est cabossé. Nombre de relations sont restées en suspens, se sont altérées, gâtées ou même brisées par défaut de l'un d'entre eux, parce qu'on n'a pas osé dire, parce qu'on n'a pas perçu l'hésitation, parce qu'une petite honte a fait barrage, parce que la tension d'un moment a fait perdre l'attention,...
Ah la la ! Trop sérieuse l'humeur de cette semaine ? Sans doute, sans doute... C'est que, paradoxalement, la période confinée que nous vivons est communicante. Nous postons et téléphonons à tout va, passons des heures les doigts sur l'ordiphone et l'écouteur à l'oreille. Nos ressentis, nos sentiments, nos vérités transitent intensément via nos textes émaillés de smileys et nos voix ponctuées de silences. Mais si la com' est là plus que jamais, l'échange véritable n'en suit pas forcément le fil que des nœuds d'incompréhension étranglent parfois. Que les lecteurs de cette petite humeur possiblement incompris par son auteur soient remerciés, il leur doit cette petite réflexion...