Naguère , je pouvais déambuler dans ma modeste propriété sans me soucier des multiples choses dont l'autre occupant se chargeait sans que j'en sois pleinement conscient.
Il n'y a guère...
Désormais, aucune de ces tâches ne sera faite si je ne les prends en charge moi-même. Chacun de mes pas anciens s'accompagne donc de l'œil interrogatif qui sied à l'endroit visité.
Depuis combien de temps ces fleurs n'ont-elles pas été arrosées ? Ces autres baignées ? Et ces autres nettoyées ?
Un coup de serpillère ne serait-il pas bien venu sur le carrelage de ma cuisine ? Un coup d'aspirateur sur le parquet de ma chambre ? De cire sur la table de mon séjour ?
Depuis combien de nuits mes draps n'ont-il pas été changés ? Ma chambre ventilée en grand ? Mes vitres nettoyées ?
Mais l'œil manque encore de métier dans ce domaine, il lui arrive trop souvent d'ignorer des tâches dont le report les rend progressivement urgentes.
Une anecdote ?
Récemment, mon attention s'est portée sur une tache claire dans le fond de ma baignoire. Le temps de quelques douches, je me suis demandé quelle substance chimique avait pu agresser ainsi le vernis jusqu'à ce que - eureka, bon sang, mais c'est bien sûr - l'idée me vienne que cette tache est une tache de propreté et que c'est le fond tout entier qui, trop longtemps délaissé, a grand besoin de nettoyage...
Désormais, "comme je fais mon lit je me couche", ainsi qu'aimait à dire mon père. Mon cadre de vie ne tient plus qu'à moi, sans l'assistance quotidienne ni l'influence proche antérieures. Pourtant, les (bonnes) habitudes ancrées à deux au fil des décennies m'obligent à y porter maintenant un double regard.