Le printemps n'a pas été très ordinaire cette année, tu aurais dû voir ça ! Quelques aubes de gel tardif, quelques semaines de vent d'est dépourvu de pluies, une ou deux pointes de chaleur dans un ensemble plutôt froid...
La végétation a fait avec, comme elle sait le faire et comme tu le savais bien, toi pour qui ces mois ont toujours été des temps de préparation. Remise en forme des jardinières, tailles diverses, acquisitions de plantes nouvelles, semis des tomates dont tu faisais un challenge chaque année.
Le tapis de verdure s'est maintenant épaissi, piqueté de pâquerettes à l'ouverture encore timide dans l'avancement de la journée. Les camélias ont déjà perdu la plupart de leurs pétales et l'immense glycine déploie actuellement son feuillage pour accueillir la seconde floraison.
Et tu sais quoi ? Les roses des rosiers dont tu étais si fière pointent leurs couleurs comme jamais auparavant et devraient être magnifiques. Bien mieux : des promesses de pommes et de figues sont apparues sur nos plantations d'il y a plusieurs années et dont nous désespérions. Et, plus étonnant sinon plus important, le frêle tamaris s'est enfin fendu de la petite efflorescence rose tant attendue...
Tu aurais dû, tu n'as pas pu. La succession de tes printemps s'est arrêtée avant celui-ci. Trop tôt. La nature prend son temps, indépendamment du temps que nous avons à vivre, c'est bien là son ordinaire...