Nul n'est censé ignorer la loi. Pourtant, la vie de notre société est encadrée par tant de lois, règlements, décrets, conventions, arrêtés et normes que le citoyen a parfois du mal à condenser toutes ces contraintes dans sa petite tête, à faire avec toutes ses obligations.
Contraintes et obligations sont de plus gérées par tant de détenteurs de pouvoirs divers et variés, à tous les niveaux de la République, de son Président à l'employé municipal, chacun étant installé dans son pré carré, ignorant parfois - tout comme leurs concitoyens - les fonctions, attributions et prérogatives des autres, qu'il n'est pas étonnant que des sacs de nœuds administratifs étranglent régulièrement l'administré.
Ainsi de l'affaire qui bruisse actuellement dans le landerneau turballais.
En application d'une loi votée en 1986, modifiée en 2005 et codifiée en 2015 - la loi dite "Loi Littora" - le sous-préfet annule depuis quelques mois les permis de construire accordés par le maire au titre du Plan Local d'Urbanisme décidé en 2010 par la commune et malgré la mise en garde du président de la communauté de communes armé de son propre Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) établi en 2018.
Ainsi présentée, l'affaire est simple, non ? Le "niet" administratif semble définitivement scotché sous le nez des demandeurs turballais déboutés et dégoûtés.
Il leur reste pourtant encore les possibilités offertes par la loi pour l'Évolution du Logement, de l'Aménagement et du Numérique, la loi ELAN votée en 2018 et dont l'un des buts déclarés est de "lutter contre les recours abusifs contre les permis de construire". Prouver que le Préfet est un abuseur textuel n'est pas gagné d'avance et demandera sans doute du temps. Le temps de profiter encore un peu d'un espace en voie de bétonnage, où le vert s'estompe, d'où le silence s'enfuit, où l'agitation s'installe ? Qu'en pensent ceux qui ne demandent rien ?