mamimadi l'humeur hebdomadaire |
4 février - 1... 2... 3... 4... 5 ! Des statisticiens viennent d'affirmer que la baisse de la limitation de vitesse de 90 à 80 km/h a permis d'épargner cent seize vies. De qui se moque-t-on ? Le blocage des ronds-points et les entraves à la circulation ont sans doute fait davantage pour la baisse de la mortalité routière que la mesure gouvernementale si impopulaire. Ou bien alors il faut imputer les blocages salvateurs à la dite mesure, et le tour est joué ! On voit bien qu'il est facile d'avancer des chiffres incontrôlables qui en deviennent non crédibles. Des noms ! On aimerait connaître le nom des personnes devant à cette mesure d'être restées en vie. Du concret irréfutable, aussi incontestable que la réalité des morts énumérés dans les pages des quotidiens et affichés dans les actualités télévisées. Et encore !... Les drames personnels, survenus ou évités, liés à l'automobile ne seront jamais aussi percutants que bien d'autres détresses pourtant tout aussi banales. L'histoire d'un enfant de migrants dont le corps échoue sur une plage émeut bien davantage que celle d'un enfant tué dans la voiture de ses parents percutée par un chauffard addict aux SMS ou à la coke. La banalité s'efface devant la singularité dans les esprits fatigués. Il faudrait bien plus que la preuve d'une petite baisse de mortalité corrélée à une petite baisse de la vitesse pour faire comprendre que, non pas l'automobile elle-même, mais son utilisation par des humains faillibles est en moyenne six fois plus mortifère que les envies ou besoins de tuer son prochain et que, si l'homicide volontaire fait toujours vibrer "les gens", est réprimable et réprimé, ces mêmes gens seraient bien venus de s'émouvoir également de l'homicide involontaire routier et d'exiger de la société des actions efficaces pour la réduire. Et, l'homme étant ce qu'il est, la répression fait partie de ces actions. Imposer par exemple de perdre cinq secondes par kilomètre parcouru semble relever d'un minimum de bon sens en attendant que l'informatique connectée libère la voiture de l'emprise aléatoire et faillible de l'humain. Cinq secondes... 1... 2... 3... 4... 5 ! Le temps de penser aux vies potentiellement épargnées. À la vie tout court ? |