Quand on est physiquement éloigné des drames de ce monde, quand on les observe au travers de nos petites lucarnes de temps à autre libérées de nos préoccupations hexagonales, la réalité des choses est évidemment grandement inaccessible.
On peut s'en approcher temporairement, par petites touches, en prenant l'avion, le bateau, le train ou même - c'est beaucoup plus difficile et donc rare - son vélo ou ses rangers. Un tourisme éveillé est bien capable d'aider à une compréhension plus profonde de la vie des gens, de leurs problèmes et de leurs misères. Mais une excursion même bien incursive ne peut rester qu'une approche, laisse une empreinte écologique plus ou moins désastreuse selon les moyens utilisés, et s'accompagne forcément de toute la problématique de nantis promenant leur image de nantis sous le nez de populations éprouvées mais pas forcément demandeuses de curiosité ni même de compassion.
On peut s'investir plus longuement évidemment, en restant vivre beaucoup plus longuement sur place. Selon sa capacité à se fondre dans la société visitée, le touriste n'en sera plus un puisqu'il pourra participer à la vie locale et contribuer très ponctuellement à l'amélioration de ses conditions. Mais il peinera toujours à faire oublier sa condition de nanti capable de s'envoler du jour au lendemain si sa vie tourne au désastre. Il peinera aussi à comprendre que son aide potentielle n'est pas forcément l'aide adaptée, attendue, acceptée. Et puis, et puis, ici comme dans beaucoup d'autres exemples, qualité et quantité s'opposent et l'immersion dans un coin de la planète ne peut qu'entraver la simple découverte des nombreux autres spots demandeurs d'intérêt
Alors quoi ? Alors vous avez compris qu'en ce qui me concerne, je n'ai aucune envie de quitter ma petite sécurité de retraité hexagonal, que je désapprouve le tourisme voyeuriste anti-écologique et que je n'attends pas de nos chaînes de télévision qu'elles nous communiquent les vraies couleurs du monde. D'autres sources d'information existent, heureusement, avec des mots sobres souvent plus justes que les flots d'images tournant en boucle. Quelques films, livres, périodiques, et même quotidiens. De quoi s'installer en tout cas dans une certaine réalité des choses...