Qu'il me soit permis de râler une énième fois contre le massacre de notre belle langue française. Que dis-je un massacre, parlons plutôt de génocide quand tombent sous les yeux la machine à lavée et la liste qui inclue oubien encore les zandicapés et la gajeure dans les oreilles. J'en passe, et des meilleurs. Une hécatombe, je vous dis...
Il n'y a pas à dire, c'était quand même mieux avant. Les médias étaient majoritairement écrits, déblatéraient donc beaucoup moins et ceux qui n'avaient rien à dire ne disaient rien, pas même qu'ils n'avaient rien à redire.
Massacre, hécatombe, génocide... Seulement des images bien sûr lorsqu'ils ont trait aux coups tordus faits au vocabulaire, à la grammaire, à la syntaxe. C'est qu'ils tournent actuellement en boucle dans ma tête au fur et à mesure que tournent les pages d'un document (*) traitant de la volonté d'éradication des Vendéens par les révolutionnaires fanatiques de 1793 :
Il n'y a plus de Vendée, Citoyens républicains, elle est morte sous notre sabre libre avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m'avez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins, pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas de prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé.
Tels sont les mots bien clairs et sereinement formulés puisés dans le rapport d'un général de la République au Comité autoproclamé "de salut publique". Dans un langage beaucoup plus pauvre mais tout aussi explicite un soldat rapporte à son père son travail quotidien :
Et ainsy mon chers perre je vous apprent que la guerre de Lavendee est bien avance nous avons tués tout homme et femme et enfant et mis le feu partout dans tous les endroits et beaucoup de quadavre de mort dans tous les endroits et beaucoup de quadavre de mort dans les chemins et fossez mais nous avons peur que la peste se mette dans landroit.
L'accouchement de notre République fut douloureux et les vérités désagréables peinent toujours à suinter de son Histoire, que la syntaxe qui les porte soit sans faute ou pas. Non, ça n'était pas mieux avant, ni pour la langue française ni pour l'humanité des hommes.
(*) "Vendée, du génocide au mémoricide", de Reynald Secher