J'apprécie les gens qui doutent raisonnablement, je redoute ceux qui se doutent systématiquement, deux qualités qui s'excluent mutuellement chez le même individu...
Se douter est déjà avoir une certitude comme on peut s'en douter. Lorsqu'on se doute que c'est le chat de la voisine qui est venu crotter sur sa pelouse ou que le président Macron a des plans électoralistes quand il accorde quelque subvention par ailleurs bien venue, c'est qu'on y croit déjà comme à une évidence.
Croire savoir décharge de l'effort de recherche et semble plutôt libérateur de temps de cerveau tant qu'aucun risque n'y est associé. Prendre un parapluie alors qu'on pense que la pluie menace sera sans conséquence si les nuées restent dans leurs nuages. Se brouiller avec sa voisine ou voter Zemmour semblent des suites plus fâcheuses. Ne pas se faire vacciner en criant au complot politico-pharmaceutique met en péril les santés physique et économique d'une nation...
C'est bien lorsque se douter devient redoutable que le doute est nécessaire. Se méfier de tout est évidemment impossible. Les soupçonneux systématiques sont malades ou en passe de l'être. La vie quotidienne serait invivable sans confiance. Confiance dans l'entourage, les journalistes pas forcément menteurs, les politiques-pas forcément manipulateurs, les industriels pas forcément voleurs,... Mais pour que la confiance ne soit ni abandon aveugle ni crédulité paresseuse, un œil dubitatif doit rester entrouvert.
Mais je radote, je radote sans doute. Voyons... Une recherche rapide dans mes petites humeurs hebdomadaires nées en 1999 donne plus de sept cents pages portant au moins une fois le mot "doute". C.Q.F.D. ?
(Euh
ou heu... ?)