Il est de bon ton de se plaindre des programmes de nos chaînes de télévision nationales et ces plaintes sont souvent justifiées. Il me semble pourtant qu'il est possible d'y picorer pas mal de grains, grains de culture, d'information, de plaisir, de tous ces grains à moudre ensuite avec soin pour en tirer profit.
Il convient bien sûr de s'approcher des récipients jugés les plus profitables aux moments disponibles pour le nourrissage télévisuel. Certains (les plus nombreux ?) sont généralement à éviter mais proposent de temps à autre quelques pépites. Les menus de certains autres sont souvent riches mais peuvent cacher quelques navets ou - pire - quelques graines de piment bien irritant. Deux exemples de ces derniers :
1) Je manque rarement le "28 minutes" présenté par la si aimable et spirituelle Élisabeth Quin sur Arte mais je ne supporte pas les 2 minutes de "Rayons X" qui y sont incluses. Le présentateur déblatère sur un personnage public, à la vitesse du son tant il a de mal à en dire. Le ton est ironique, les postures agressives, l'ensemble respire trop la méchanceté gratuite. Afin d'éviter que le rouge me monte aux neurones, je ferme les écoutilles dès l'annonce du flot exaspérant. Plus de son, plus d'image et la satisfaction d'échapper un peu à l'aigreur du monde...
2) Au vu du bruit (voir le bruit, eh oui, c'est possible !) médiatique créé par l'enquête présentée par Élise Lucet sur les présumés écarts sexistes et sexuels de Nicolas Hulot, je me suis imposé le replay de l'émission. Imposé, oui, car j'ai toujours fui les émissions immodérément accusatrices du procureur antennedeuxiste. J'ai ainsi pu prendre connaissance des témoignages ainsi que de leur mise en scène, avec intérêt et pas mal de distance. Quelques apparitions urticantes de la Grande Inquisitrice firent bien sûr monter une irritation qui parvint à son paroxysme lorsqu'elle diffusa, pour en finir, le contenu de la conversation téléphonique privée qu'elle eut avec l'accusé Hulot. Privée ? Vous avez dit privée ?
À la télé comme ailleurs, il en faut pour tous les goûts et les miens ne sont pas majoritaires si on en croit les audiences. L'excès seul serait payant mais, tout comme pour les excès gastronomiques, point trop n'en faut... N'est-ce pas ?