francetvinfo.fr : "Nantes : des catholiques intégristes font annuler un concert de Anna von Hausswolff à l'église ND de Bon Port"
Pour évoquer une expérience sous emprise de la drogue, elle dit qu'elle a fait l'amour avec le diable. Belle métaphore, non ? Même pour quelqu'un qui n'a ni l'expérience de la drogue ni jamais rencontré le diable pourvu que lui restent quelques souvenirs de gravures anciennes bien horriblement sataniques. Elle le dit en musique, elle le chante, donc. Et pas dans sa salle de bain, non, elle le chante en public puisque c'est son métier.
Elle fait ainsi entrer le soufre démoniaque dans les espaces qui peuvent accueillir du public, toutes sortes de public et pas seulement les adeptes de musique gothique ou de "pop funèbre". Certains mélomanes mozartiens frémissent peut-être à la pensée qu'une telle musique iconoclaste emplisse leur auditorium de prédilection.
Le frémissement devient révolte lorsque le cri de guerre du public habituel de l'endroit est "vade retro satana !". Le public des églises, les fidèles. Certains d'entre eux, ceux qui voient le diable danser tout autour d'eux, faisant l'amour aux mécréant(e)s contre lesquels ils guerroient encore et encore. Et qu'importe que la chanson soit en anglais sans doute incompris de beaucoup et non en latin encore moins compris, l'esprit malin est là, il n'entrera pas dans les chœurs.
Un esprit tolérant peut comprendre cette intolérance. Aller titiller la susceptibilité intégriste dans son pré carré ne fait que renforcer les arcs-boutants des convaincus et condamner un peu plus les écoutilles de la nef.
L'espace public n'est pas un espace de liberté, mais bien de libertés qui doivent tenir compte les unes des autres. Nos villes possèdent sans doute suffisamment de salles de spectacle autres que les églises pour que s'exerce la liberté de chanter sa nuit d'amour avec le diable. Libre alors aux catholiques allergiques de s'en éloigner et d'entonner dans leurs églises les chants d'amour qui leur conviennent. Oui ?