mamimadi l'humeur hebdomadaire |
23 novembre- Suis-je Paris ? Et moi, qu'est-ce que je pense de tout ça ? Je n'ai pas été Charlie (voir ici), je ne suis pas non plus Paris, en tout cas pas à la façon que je vois pratiquer sur les grands écrans de nos chaînes d'information comme sur les petits écrans de nos réseaux sociaux. Parce que je préférerais que l'énergie mise dans une démonstration éphémère de notre cohésion nationale soit mise davantage dans sa construction et son éventuel maintien dans la durée. Sans fanfare ni fanfaronnades, mais avec intelligence et persévérance laborieuse. La France doit-elle riposter ? Même si j'espère me tromper, les bombardements de Raqqa deux jours après les carnages parisiens ont des allures de représailles plus que d'action stratégique réfléchie. La France doit-elle détruire la menace sur son lieu d'éclosion ? Sans être historien, j'ai l'impression que, depuis toujours, porter la guerre chez l'ennemi - et particulièrement ce genre de guerre sans nom - a plus souvent généré du chaos que de la paix. La France enfin doit-elle se défendre sur son sol ? Bien sûr que oui, mais pas n'importe comment. Évidemment pas en se bunkerisant parce qu'à l'heure de la mondialisation toute ligne maginot républicaine est inutile et illusoire. Pas non plus en plaçant un militaire armé derrière chaque citoyen ou bien pire encore en distribuant des kalach' à la population, parce que le surarmement appelle des armes plus puissantes chez l'assaillant et donc des attaques plus destructrices (J'apprends ce matin que les Samu vont s'équiper d'antidotes contre les armes chimiques ; j'ai lu voici peu de temps que des déchets radioactifs circulaient sous le manteau, charges potentielles de bombes "sales" ...). Ma conviction est que l'intelligence du gardien de la paix est au moins aussi grande que l'ingéniosité des causeurs de guerre, mais que la difficulté réside dans la différence des échelles de temps : il faut beaucoup plus de temps pour construire que pour détruire. On ne me fera pas croire que si les sommes phénoménales placées dans les armes et leurs servants, y compris l'arme atomique en France, avaient été investies depuis longtemps dans l'éducation, le sport, la culture, tout ce qui fait du lien et du sens à l'intérieur d'une nation, cette nation-là ne serait pas en mesure de dissuader d'éventuels agresseurs ainsi placés devant une homogénéité inaccessible. On ne me fera pas croire que les techniques de réseaux et de surveillance actuelles ou potentiellement développables par une telle nation parmi d'autres nations également concernées ne contrôleraient pas beaucoup mieux les dangers si on y mettait l'argent mis dans les engins de guerre. Utopie, tout ça ? A-t-on jamais essayé ? |