30 avril - Des profs et un ministre
La polémique entre le ministre et ses administrés me fait doucement rigoler, gondoler de rire. Je devrais pas, hein ? On ne plaisante pas avec l'éducation, surtout quand elle est nationale !
Rappelons les faits. Appelons-les plutôt sur notre écran du sourire puisque je ne les connais qu'à grands traits et que je n'ai pas l'intention d'aller dans de sombres recoins dont les contours sont suffisamment clairs.
- Notre ministre de l'Éducation Nationale donc vient de publier et distribuer à nos profs un fascicule indiquant les pratiques fondamentales pour enseigner les fondamentaux aux jeunes têtes de moins en moins blondes de nos écoles.
- Les profs s'indignent que l'on puisse douter ainsi - devant le peuple qui plus est - de leur professionnalisme (j'ai entendu "professionnalité" à la télé :-) et s'insurgent devant une atteinte à leur "liberté pédagogique".
Je rigole, disais-je...
- Le ministre a raison. Tout le monde sait bien - et dans ce tout, il y a les profs - qu'on ne peut pas apprendre qu'avec du ludique, du syllabique, de la crotte de bique. Que chaque élève doit forcément travailler, s'efforcer, se forcer ; analyser, composer, mémoriser, se tromper, recommencer. Et le ministre aussi sait bien que tout le monde le sait, ça. Et c'est même parce qu'il le sait qu'il vient de commettre cet outrage à professeur. Prise de risque politiquement rentable puisqu'il va dans le sens réclamé par l'opinion et donc ses électeurs supposés ou espérés...
- Les profs ont raison. Tout le monde ne sait pas bien - et le ministre feint d'ignorer - qu'aucun prof n'est identique, que tous les élèves sont différents, que chacun d'entre eux évolue même tous les jours de l'année scolaire et même à chaque heure de ces jours, qu'il ne s'agit pas ici de transfert de connaissances ou de savoirs-faire d'un robot à un autre, que ce transfert emprunte les tuyaux des relations humaines pas moins difficiles voire impossibles à codifier ici que partout ailleurs.
Alors quoi ?
Alors, si tous les deux ont raison, il faudrait que l'apprentissage des fondamentaux par nos élèves soit en même temps codifié autour de certaines pratiques nécessitant du travail et librement mis en oeuvre pour que ce travail soit accepté et perde son caractère éventuellement pénible. L'équilibre est un art et un travail, mon bon monsieur... Non ?
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